À Collégien, la filouterie d’alcool envoie le sans-abri en prison

Un sans-abri de 32 ans était jugé, ce vendredi, par le tribunal correctionnel de Meaux, pour outrage et filouterie. Tout avait démarré par le vol du contenu d’une bouteille d’alcool et avait dégénéré dans le poste de sécurité du magasin Carrefour.

À Collégien, la filouterie d’alcool envoie le sans-abri en prison

    À l’origine de ses ennuis judiciaires : le vol du contenu d’une bouteille d’alcool dans un hypermarché de Collégien, pour un montant de 13,55 euros. Au final : une peine de prison. C’est mardi dernier que ce client du magasin Carrefour s’est mis en tête d’ouvrir une bouteille de rhum et de transvaser le liquide dans un contenant en plastique. Une scène captée, grâce à la vidéosurveillance, par les vigiles qui connaissaient déjà ce sans-abri de 32 ans.

    C’est dans le poste de sécurité, en présence des employés et de policiers, que l’histoire a dégénéré. L’un des fonctionnaires a eu droit à une bordée d’injures. « Dites donc, la mère de ce policier, vous lui en voulez beaucoup. Si ça s’était bien passé, vous pensez vraiment que vous seriez dans le box ? Ce n’était que de la filouterie », a remarqué la présidente Cécile Lemoine.

    Bras croisés dans le box, sûr de son droit, le prévenu avait son explication : « Il m’a étranglé. J’étais tendu, ils étaient tendus, je voulais les détendre ». Question de la magistrate : « Comment vouliez-vous les détendre ? ». Réponse de l’intéressé : « On pouvait aller dehors ». Il semble que sa colère ait perduré après sa garde à vue dans les locaux de l’hôtel de police de Torcy, puisqu’une fois dans les geôles du palais de justice de Meaux, il a craché sur des policiers de l’escorte. « D’où il m’a attrapé par le tee-shirt ? Il n’a qu’à bien faire son travail », s’est agacé le prévenu. Avant de commenter la loi « pas très bien respectée » en France.

    « C’était une nécessité en raison de son alcoolisme »

    La personnalité du trentenaire – en état de récidive - pouvait poser question. Il ne se reconnaissait pas dans la lecture de son casier judiciaire. Sans compter que ce sans-domicile-fixe ne prend aucun traitement médicamenteux. Et pourtant, il a expliqué être déjà passé par l’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard, à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) en raison de sa schizophrénie. Une situation médicale qui vient s’ajouter à un parcours de vie difficile, constitué de placements en foyers et de séjours en prison.

    La substitute du procureur Louise Sahali a requis quatre mois de prison ferme, avec mandat de dépôt, ainsi qu’une révocation de deux mois supplémentaires prononcés lors d’une précédente condamnation, pour filouterie de boisson et outrage : « Il est indiscutable que son comportement inquiète, tant pas ses réponses face au tribunal que par ses propos violents ».

    De son côté, l’avocate de la défense Me Anne-Sophie Lance a insisté sur la santé psychique du prévenu, qui a déjà subi des hospitalisations d’office en psychiatrie : « Mon client vit dans une grande précarité et je pense que Carrefour va très bien résister à ce préjudice. J’aurais pu vous plaider l’état de nécessité mais ce n’était pas une filouterie d’aliment. Il a volé de l’alcool car pour lui, c’est une nécessité du fait de son alcoolisme. Ce n’était pas pour se faire de l’argent. L’outrage s’explique par les circonstances. Les vigiles et les policiers ont peut-être été virulents à son égard ». Les juges ont prononcé une peine de six mois de prison ferme, à effectuer en semi-liberté.