Seine-et-Marne : contre la hausse des accidents, les policiers dégainent le radar

En Seine-et-Marne, le nombre d’accidents, de blessés et de tués a augmenté cette année par rapport à 2018. En réponse, des opérations de contrôle sont menées.

 Saint-Thibault-des-Vignes, mardi 12 novembre 2019. Les CRS ont procédé à des contrôles de vitesse sur l’A104 pendant plus d’une heure.
Saint-Thibault-des-Vignes, mardi 12 novembre 2019. Les CRS ont procédé à des contrôles de vitesse sur l’A104 pendant plus d’une heure. LP/Alexandre Métivier

    En remettant son casque et en enfourchant sa cylindrée, Baptiste a le moral en berne. Ce motard de 22 ans n'a plus qu'un point sur son permis de conduire. La faute à un excès de vitesse commis ce mardi après-midi sur l'A104 dans le sens Villeparisis-Torcy.

    « J'ai été flashé à 130 km/h au lieu de 90. J'ai été imprudent, ça arrive à tout le monde et c'est tant pis pour moi, souffle-t-il. Je perds trois points alors qu'il ne m'en restait que quatre. Ça va m'inciter à lever le pied mais à moto c'est plus compliqué. Quand on s'habitue, on ne se rend plus compte de la vitesse. »

    62 morts sur les routes depuis le 1er janvier

    Bientôt, il participera à un stage de sécurité routière pour récupérer des points. « Mais quand on passe un nouveau permis, qu'on dépense 1 000 euros pour avoir celui de la moto comme moi il y a six mois, ce serait bien qu'on récupère aussi des points en même temps », soumet-il. Pas sûr que son appel soit entendu… En Seine-et-Marne, les chiffres de l'accidentologie ne sont pas bons.

    Au 31 octobre, la préfecture de Seine-et-Marne a constaté une hausse du nombre de flashs par les radars (+ 26 % par rapport à 2018), des accidents (+ 6 %), des blessés (+ 5 %) et du nombre de morts (+ 6 %). Ainsi, 62 personnes sont décédées sur les routes du département entre le 1er janvier et le 31 octobre, dont six pour le seul mois d'octobre. C'est plus du quart du total de tués en Île-de-France depuis le début de l'année 2019.

    Ce mardi, les policiers de la CRS autoroutière est Île-de-France ont donc procédé à des contrôles de vitesse sur la Francilienne. Pendant près d'une heure et demie, les motards ont amené une grosse dizaine de voitures, camionnettes ou moto vers leurs collègues postés à l'entrée de la base de loisirs de Vaires-Torcy.

    Les automobilistes reconnaissent, puis nuancent

    « C'est indispensable. Il faut la peur du radar ou du policier pour assurer la sécurité des automobilistes. On ne le fait pas pour embêter les gens. Il faut être vus, assure Gérard Branly, sous-préfet de Torcy. Nous sommes tous persuadés d'être d'excellents conducteurs mais ce n'est pas le cas… Il y a des accidents tous les week-ends sur les routes du département. »

    Saint-Thibault-des-Vignes, mardi 12 novembre 2019. Le sous-préfet de Torcy Gérard Branly (à droite) est venu assister au contrôle. LP/Alexandre Métivier
    Saint-Thibault-des-Vignes, mardi 12 novembre 2019. Le sous-préfet de Torcy Gérard Branly (à droite) est venu assister au contrôle. LP/Alexandre Métivier LP/Alexandre Métivier

    En attendant le résultat du test d'alcoolémie et stupéfiants - tous négatifs ce mardi —, les automobilistes reconnaissent leurs torts. Mais apportent souvent des nuances. « Je suis en tort mais je suis pressé. Je suis livreur et on m'attend donc ça m'embête », souffle Medhi avant de reprendre la route.

    « On ne fait pas gaffe, je rentrais chez moi et je ne regardais pas le compteur. J'étais dans le trafic », indique Emmanuel, un habitant de Lognes. Il a été contrôlé à 114 km/h au lieu de 90. Résultat : deux points perdus et 135 euros d'amende. « C'est bien de faire ces contrôles, ajoute-t-il. Je fais 50 000 km par an, j'avais encore mes douze points. »

    3 000 suspensions de permis

    Contrôlée un peu plus tard à 130 km/h, Mélodie avait aussi tous ses points : « J'ai commencé à 6 h 30, je travaille à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle et je rentrais chez moi. Je suis blasée d'avoir été contrôlée, j'étais en train de doubler et je n'ai pas fait attention. La fatigue de la journée de travail a sans doute joué… »

    Elle aussi flashée, Francine aimerait que les camions soient plus ciblés : « Les poids lourds n'ont pas le droit de dépasser mais le font constamment, surtout sur cette portion. Je roulais à 120 km/h, j'étais tranquille. Je ne comprends pas qu'ils m'aient arrêtée, il n'y avait pas de danger. » Des opérations visant les camions sont aussi menées par les CRS.

    Au 31 octobre, 3 000 suspensions de permis de conduire avaient été effectuées en Seine-et-Marne sur l'année 2019 : 28 % pour la conduite en excès de vitesse, 33 % après l'usage de stupéfiants et 39 % en raison de l'alcool.