Comment les «remontadas» sont devenues possibles

À l’image de l’exploit de Liverpool ce mardi face au Barça, les retournements de situation improbables se multiplient en Ligue des champions. Notamment depuis la déroute du PSG à Barcelone en 2017.

 Auteur d’un doublé en à peine plus que deux minutes, Georginio Wijnaldum a été l’un des grands artisans de l’exploit de Liverpool face au Barça.
Auteur d’un doublé en à peine plus que deux minutes, Georginio Wijnaldum a été l’un des grands artisans de l’exploit de Liverpool face au Barça. Reuters/Phil Noble

    Le 8 mars 2017 restera à jamais une date noire dans l'histoire du PSG. La déroute 6-1 à Barcelone a déjoué toutes les statistiques et frôlé l'irrationnel. L'impossible ou presque (aucune équipe n'avait jamais été éliminée après un succès 4-0 à l'aller) est devenu possible. Deux ans après, cette « remontada » unique a entraîné des petites sœurs, dont la dernière mardi soir à Liverpool, où le Barça s'est fait ridiculiser, défait 4-0 après une victoire 3-0 en Catalogne.

    Les exemples se multiplient ces dernières saisons. Souvenons-nous de Barcelone, déjà, éliminé devant à l'AS Rome l'an passé (4-1; 0-3); de la Juventus Turin cette saison, renversant face à l'Atlético de Madrid (0-2; 3-0); ou encore du PSG, qui a encore défié les probabilités contre Manchester United (2-0; 1-3). Le point commun de ces exploits? Tous renvoient d'une façon ou d'une autre au 8 mars 2017 et la folle nuit barcelonaise.

    « J'ai l'expérience des soirées européennes. Tout le monde sait qu'on peut le faire. On se rappelle tous Barcelone-PSG… » disait Ole Gunnar Solskjaer, entraîneur de Manchester United, à la veille de sa victoire au Parc des Princes. « Une remontada? On verra mardi. Le bon côté, c'est que nous ne jouons pas comme le PSG », provoquait Ter Stegen, gardien du Barça, en avril avant le match retour contre Manchester United. Le karma a, semble-t-il, joué des tours au portier allemand, qui en a donc pris quatre à Liverpool mardi.

    « Le futur est incertain »

    Qu'ils se nomment Solskjaer, Klopp (Liverpool) ou Allegri (Juventus), les coachs européens ont, depuis ce 8 mars 2017, une base sur laquelle s'appuyer pour rappeler aux joueurs que plus rien n'est impossible. « Je dirais qu'il ne faut pas parler de croyance mais plutôt de foi en ses capacités, explique Sauveur Lombardo, préparateur mental, qui a notamment travaillé auprès des équipes de France de handball ou de volley. Il y a trois choses importantes à faire comprendre aux athlètes : la réalité, c'est-à-dire l'instant présent, ne pas penser au passé et rappeler que le futur est incertain ; l'envie, qui est le carburant de la volonté ; et les valeurs, l'identité club, indispensables ».

    Luis Enrique, à la tête du Barça de 2017, avait orienté son discours sur ce dernier point : « Il faut rester fidèle à notre style sans aucun doute. En 95 minutes, il peut se passer une infinité de choses. Si un adversaire a pu nous en marquer quatre, on peut en marquer six. » Face au PSG, le Barça ou Manchester United avaient également bénéficié d'un facteur non négligeable de la préparation : les trois semaines d'écart entre les deux rencontres. « La phase d'acceptation de la situation est plus facile à gérer avec ce délai-là », approuve Sauveur Lombardo.

    Enfin, pour réussir une « remontada », les génies ne suffisent pas. La preuve avec Liverpool, qui a composé sans Salah et Firmino. Un peu comme si Paris abordait une rencontre sans Neymar et Mbappé. Les héros de mardi soir se nomment Origi ou Wijnaldum, assez éloignés du profil type de la superstar. « Ça ne rend pas la vie plus facile, rappelait toutefois Klopp. Mais cette équipe est si merveilleuse qu'on va essayer à 100 %. » Une mission parfaitement réussie.