FFF : une nouvelle enquête accuse la Fédération d’avoir voulu étouffer plusieurs scandales sexuels

Le média norvégien Josimar Football publie ce vendredi une enquête du journaliste français Romain Molina, qui accuse la fédération française de football et ses cadres d’avoir étouffé plusieurs affaires d’abus et de harcèlement sexuels.

Le président de la FFF, Noël Le Graët, est de nouveau visé par une enquête journalistique ce vendredi. LP/Arnaud Journois
Le président de la FFF, Noël Le Graët, est de nouveau visé par une enquête journalistique ce vendredi. LP/Arnaud Journois

    La FFF n’en a pas fini avec les affaires sordides. Une semaine après la parution d’une longue enquête dans le magazine So Foot, décrivant de manière appuyée un climat toxique au sein de la Fédération française de football (FFF), une nouvelle enquête visant la 3F est parue ce vendredi en fin de matinée dans le média en ligne norvégien Josimar Football, signée par le journaliste d’investigation français Romain Molina.

    Molina, qui a révélé de nombreux scandales sexuels dans le sport à travers le monde, annonçait depuis plusieurs mois détenir des éléments contre l’institution. Ces éléments sont donc désormais sortis. Dans ce long article, publié en anglais, il décrit une forme de loi du silence institutionnelle entourant de nombreuses affaires sexuelles intervenues au sein de la fédération dans les années 2000. L’enquête de So Foot et les révélations concernant Noël Le Graët n’étant, écrit-il, que les dernières d’une « longue série d’allégations macabres d’abus et de harcèlement sexuels au sein de la FFF, dont beaucoup concernent des enfants, que la Fédération française a systématiquement tenté d’étouffer ».

    « Quand il se passe quelque chose, on se tait. C’est comme ça que ça marche, témoigne un ancien membre du conseil d’administration de la Fédération auprès de Josimar. Sinon, c’est fini pour toi. Ils sont trop puissants. A la seconde où tu parles des abus, tu es hors jeu. Ce n’est pas seulement la FFF mais aussi la LFP (ligue de football professionnel), les clubs. Avez-vous vu le nombre de cas auxquels nous avons été confrontés ces deux dernières années ? Qu’avons-nous fait pour protéger nos enfants ? »

    Les responsables politiques pas au courant de nombreuses affaires

    L’enquête développe notamment longuement le cas, entre autres, d’Angélique Roujas, « licenciée en 2013 après que la FFF a appris qu’elle avait eu des relations sexuelles avec des joueuses mineures », et de David San José, « licencié pour comportement inapproprié après avoir envoyé des messages d’amour à un joueur de 13 ans du centre en 2013 ». Ces deux personnes continuent de travailler auprès d’enfants révèle-t-elle encore, et « aucun effort n’a été fait pour mettre (les responsables politiques) au courant de l’affaire, alors que la loi française l’exige ». Un seul courrier écrit par Noël Le Graët en 2013, alors que les premiers faits remonteraient à 2004, a été recensé, concernant Roujas. « Nous avons menacé la FFF de refuser de jouer si elle était autorisée à faire partie de l’encadrement de l’équipe nationale, explique une joueuse à Josimar. C’est pourquoi ils ont pris cette décision après presque dix ans d’inaction. »

    L’enquête développe ainsi plusieurs cas extrêmement inquiétants. « Toutes les personnalités politiques mentionnées (les anciennes ministres des sports Najat Vallaud-Belkacem et Valérie Fourneyron, l’ancien secrétaire d’Etat aux sports Thierry Braillard, et les anciens conseillers sportifs du président de l’époque, Thierry Rey et Nathalie Iannetta) ont confirmé n’avoir été alertés pour aucun de ces cas », écrit Josimar.

    Ce jeudi, en marge de l’annonce de la liste de Didier Deschamps pour les deux prochains matchs des Bleus, la FFF annonçait porter plainte pour diffamation contre le magazine So Foot. Ce vendredi, la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra avait déjà reçu Noël Le Graët et Florence Hardouin pour évoquer ces révélations, et a décidé dans la foulée de lancer un audit à la FFF. Une nouvelle affaire, avec de nouvelles révélations, lui succède donc immédiatement. Le journaliste Romain Molina a d’ores et déjà annoncé la publication d’une « deuxième salve », sur sa chaîne Youtube sur laquelle il est très actif, dans l’après-midi.