Marseille peut-il tenir la cadence pour se qualifier en Ligue des champions ?

L’OM, solide dauphin du PSG en Ligue 1, a éclairci la concurrence. Le club olympien n’a jamais semblé aussi bien placé pour accéder à Ligue des champions la saison prochaine.

 Dimitri Payet est le leader technique d’un Marseille bien parti pour se qualifier en Ligue des champions... ce qui n’est pas arrivé depuis 2013.
Dimitri Payet est le leader technique d’un Marseille bien parti pour se qualifier en Ligue des champions... ce qui n’est pas arrivé depuis 2013. AFP/François Monier

    Les plus optimistes parleront d'un parfait alignement des planètes. La 20e journée a, il est vrai, conforté, encore un peu plus, le statut de dauphin des Marseillais. Quand l'OM, invaincu depuis maintenant 9 matchs (8 succès et 1 nul), s'arrachait, vendredi, pour se sortir indemne d'un déplacement piégeux à Rennes (1-0), Lille lâchait notamment du lest dimanche à Dijon (1-0). Relégués à 8 longueurs, les Bretons sont susceptibles, toutefois, de réduire leur handicap au bénéfice d'un match en retard ce mercredi à Nîmes.

    Même si l'exagération est, parfois, un trait de caractère du côté du Vieux port, on se garde bien de regarder plus haut, en direction de l'ogre parisien. « Ce n'est pas notre lutte, notre bataille. La position du PSG ne nous occupe pas l'esprit, notre objectif c'est de finir deuxième. Ce serait un très bon résultat », martelait, voici quelques semaines, André Villas-Boas, l'architecte du renouveau.

    Son discours en 2020 n'a pas changé. Nul ne s'inscrira en faux au regard du monde d'écart entre les deux « meilleurs ennemis ». « Paris a perdu 3 matchs comme nous en Ligue 1, mais le cuisant souvenir du Clasico d'octobre (4-0) est là pour nous remettre les idées en place », insiste Jean-Claude, abonné depuis les années Tapie.

    Des similitudes avec 2015 et 2018

    Toute une ville, frustrée par des années de renaissances sans lendemain, se surprend, pourtant, à rêver éveillée d'une qualification pour la Ligue des champions. La plus prestigieuse des compétitions de clubs se dérobe invariablement depuis 2014. À deux reprises, au moins, en 2015 avec Marcelo Bielsa aux commandes, puis en 2018 sous la férule de Rudi Garcia, elle a semblé s'offrir aux turbulents sudistes avant de se dérober dans l'emballage final.

    À chaque fois, les Olympiens affichaient déjà 41 unités au compteur à ce même stade de la saison. Et invariablement ils avaient fini 4es, aux portes du podium. Seule différence notable, en 2015 comme en 2018, les poursuivants se tenaient dans un mouchoir de poche. Cette saison, les Olympiens ont un matelas d'avance conséquent mais pas forcément confortable.

    Questionné à ce sujet après la victoire au Roazhon Park, Villas-Boas se drapait derrière une certaine prudence. Est-ce le souvenir du passé douloureux ou plus prosaïquement une habile posture? Son groupe, en tout cas, lui emboîte le pas. « Il ne faut pas s'enflammer, insiste le milieu de terrain Valentin Rongier. On dit toujours la même chose, mais c'est vrai. Il reste encore beaucoup de matchs. »

    « Un courant d'enthousiasme porte l'équipe »

    Buteur providentiel sorti du banc contre Rennes, le Néerlandais Kevin Strootman abonde. « On ne doit pas parler de Ligue des champions ou d'autre chose. On a juste gagné contre un rival direct, et c'est très important. » La dialectique est parfaitement rodée, destinée, sans doute, à ne pas s'attirer trop de pression. Inutile, donc, de miser sur les principaux acteurs pour recueillir des déclarations péremptoires.

    « On ne peut pas se cacher quand on est deuxième à ce moment de la saison, concède juste Steve Mandanda. Maintenant, on fait preuve d'humilité. Ce n'est pas simple, on le sait, mais on répond présent. Il faut garder cet état d'esprit là. On verra bien à la fin du championnat. Ça va très vite. Il suffit d'une mauvaise série pour voir les équipes recoller. »

    André Villas-Boas joue la carte de la prudence à mi-saison.REUTERS/Stéphane Mahé
    André Villas-Boas joue la carte de la prudence à mi-saison.REUTERS/Stéphane Mahé AFP/François Monier

    Avec deux compétitions à gérer, la Coupe de France et la Ligue 1, Marseille paraît, par rapport à certains de ses concurrents ou prétendus tels comme Lyon, toujours en lice sur quatre tableaux, moins exposé à l'usure physique. Elie Baup, le dernier technicien à avoir conduit les Phocéens en Ligue des champions en mai 2013, manifeste moins de précaution de langage. « La C1 j'y crois, bien sûr. Le classement parle pour eux. Ils sont réguliers, tournent à deux points par rencontre, c'est le tableau de marche idéal. Les écarts se creusent. Le Vélodrome redevient une forteresse imprenable. Un courant d'enthousiasme porte l'équipe. »

    Attention aux suspensions ou aux blessures

    Le probant parcours actuel présente d'ailleurs des similitudes avec celui de 2013. « On avait aussi un groupe restreint, rappelle Baup. Ça favorise une dynamique positive, l'adhésion à un projet commun. Une dynamique s'était vite créée. » Mais une menace sourde subsiste, à savoir les blessures des joueurs. Si plusieurs éléments majeurs viennent, à l'avenir, à faire défaut, quand l'OM, pressuré par le fair-play financier, n'a déjà pas un effectif assez fourni, la mission pourrait, alors, se révéler très complexe.

    « C'est peut-être la seule limite, conclut Baup. Attention aussi aux cartons ( NDLR : contre Angers le 25 janvier, Payet, Kamara et Sarr seront absents ). Il s'agit de paramètres à avoir en tête. Sans Dimitri, le leader technique, ce n'est pas pareil. La remarque vaut aussi pour Mandanda. En contrepartie, Thauvin va revenir début février après son opération à la cheville droite en septembre. Même s'il ne recouvre pas, tout de suite, son meilleur niveau, il sera un parfait joker pour le sprint du printemps. »