Retour du football à la télé : Patrick Guillou veut savourer «un petit moment de bonheur»

Le consultant de BeIN Sports va commenter le derby Dortmund - Schalke 04 ce samedi. Il considère la reprise du championnat d’Allemagne comme une excellente nouvelle, même si elle représente aussi un saut dans l’inconnu.

 « J’ai envie de prendre ce retour du foot comme une bouffée d’oxygène », confie Patrick Guillou qui commentera la Bundesliga avec Jean-Charles Sabattier.
« J’ai envie de prendre ce retour du foot comme une bouffée d’oxygène », confie Patrick Guillou qui commentera la Bundesliga avec Jean-Charles Sabattier. Icon/Jean-Paul Thomas

    Ce samedi après-midi, il ne va lui manquer que la blouse blanche et un sas de décontamination pour analyser le retour du football à la télévision. Patrick Guillou, l'homme qui avait su se mettre tout Geoffroy-Guichard dans la poche quand il portait les couleurs stéphanoises, va avoir l'impression d'entrer « dans un laboratoire » au moment de commenter les premières actions de Borussia Dortmund - Schalke 04, l'un des matchs de la 26e journée de la Bundesliga. Le grand retour du ballon rond depuis la mi-mars!

    Le consultant numéro un de BeIN Sports pour le championnat allemand est partagé entre l'excitation de reparler de football après deux mois d'arrêt et l'inquiétude de ce qu'il va découvrir en studio, sur son écran, au siège de la chaîne. « Déjà, d'un point de vue pratique, ce sera un peu différent de mon activité classique de consultant, explique Guillou, 50 ans. Habituellement, je suis assis à côté de Jean-Charles Sabattier et, d'un geste ou d'un regard, on se passe la parole. Là, pour des raisons sanitaires, nous serons dans des cabines différentes. Il faudra s'adapter. »

    Mais c'est surtout sur la nature de ses propres commentaires que l'ex-défenseur se veut vigilant. « Ce sera comme parler en étant sur une fine couche de glace, image-t-il. Il faudra voir. Au-delà du stade vide à cause du huis clos, observer des remplaçants porter un masque sur un banc de touche ou les joueurs limiter au maximum les contacts, c'est inédit pour tout le monde. Quand je parle de laboratoire pour ce retour du foot, c'est parque que je suis conscient que ce premier week-end de foot à la télévision va permettre de prendre des repères. On va voir si ça fonctionne ou pas. Pour l'instant, ce n'est jamais arrivé de commenter du football avec de telles contraintes sanitaires. »

    Patrick Guillou, professionnel pendant dix-sept ans, se doute bien qu'après une longue interruption et des entraînements un peu particuliers, le rythme des matchs ne sera pas celui de la Ligue des champions. « Il ne faudra ni s'enflammer à tort, ni se focaliser sur des images qu'on n'a plus l'habitude de voir, estime-t-il, comme des contacts tête contre tête entre deux joueurs. »

    Mais le football, se persuade-t-il, reste le même sport. « Je n'ai pas envie d'avoir un frisson si je vois des joueurs former un mur sur un coup franc, sourit-il. Je ne sais pas ce qui nous attend… mais j'ai envie de prendre ce retour du foot comme une bouffée d'oxygène. Tout en ayant conscience de la fragilité des choses. »

    Au point d'user, avec malice, d'une des plus célèbres phrases passe-partout du foot. « On va prendre match après match, sourit-il. Car on ne sait pas ce qui va advenir si un cas positif de coronavirus survient après un match. Que fera-t-on? Que décidera-t-on? Je suis heureux de recommenter du football mais je ne peux pas promettre que le championnat d'Allemagne ira au bout. Personne ne le peut. Alors, je vais savourer ce week-end comme un petit moment de bonheur, sans savoir s'il y en aura d'autres ensuite. Même si j'en ai très envie. »