« Je n’ai pas de limites » : après l’or mondial et le record du 400m 4 nages, Marchand promet plus

Le Toulousain a conservé son titre mondial du 400 m 4 nages en explosant le dernier record individuel de Michael Phelps sous les yeux de l’Américain. Confirmant qu’il est vraiment dans une autre dimension…

Léon Marchand et Michael Phelps réunis sur la plus haute marche du podium du 400 m 4 nages. Déjà l'image des Mondiaux de Fukuoka... Reuters
Léon Marchand et Michael Phelps réunis sur la plus haute marche du podium du 400 m 4 nages. Déjà l'image des Mondiaux de Fukuoka... Reuters

    Dans les tribunes du Marine Messe de Fukuoka, au Japon, Michael Phelps jaillit de son poste de commentateur sur NBC. Les bras levés, sourire aux lèvres, pour saluer l’extraordinaire performance de celui que beaucoup désignent comme son successeur. La légende américaine vient pourtant de voir s’envoler le dernier record individuel qui lui restait, vieux de quinze ans, sur 400 m 4 nages (4′03′'84).

    Dans un temps stratosphérique où la main d’un nageur n’avait jamais mis les pieds (4′02′'50), Léon Marchand, 21 ans, a conservé son titre mondial et mis une nouvelle fois le monde de la natation en ébullition. Au coude à coude avec l’Américain Carson Foster jusqu’à la mi-course, le prodige tricolore a fait irrésistiblement la différence sur un aller-retour supersonique en brasse pour finalement reléguer son plus sérieux rival à plus de quatre secondes à la touche finale.

    « Je suis trop content. Je travaille tous les jours pour ça, mais je ne sais vraiment pas quoi dire », souffle le Français, presque abasourdi, avant d’aller monter sur le podium pour la première Marseillaise de la semaine nipponne, juste en dessous du clan bleu-blanc-rouge.

    La médaille d’or remise par… Pheps

    Avec une belle surprise en prime. Le temps d’enfiler une veste, c’est Phelps en personne qui vient remettre la médaille d’or à son cadet, puis l’attend pour poser main dans la main sur la plus haute marche du podium. Drôle mais magistral endroit pour une deuxième rencontre. S’ils ont souvent échangé par texto, les deux élèves de Bob Bowman n’avaient jamais eu l’occasion de se serrer la main avant dimanche matin !

    « Je lui ai dit de profiter, de savourer parce que ces moments-là sont rares, souffle Nicolas Castel, l’autre coach de Marchand, qui a pris le relais de Bowman au quotidien quelques semaines avant la compétition. Je suis impressionné par la sérénité qu’il dégage. C’est rare pour un entraîneur d’être aussi serein quand il voit son nageur derrière le plot. Je pensais qu’il allait gagner, pas forcément battre le record du monde. Après, quand on voit la course qu’il fait, c’est top ! »

    Après avoir digéré ses émotions puis effectué une récupération savamment minutée dans le bassin d’échauffement, Marchand revient en conférence de presse partager ses sensations.

    « Quand je touche, je sais que c’est bon, que j’ai gagné, mais c’est le temps qui m’intéresse, rembobine-t-il. Là, je n’y crois pas trop, je vois 4′02, c’est génial ! Michael Phelps est le plus grand de tous les temps, c’est forcément spécial. Il était super content pour moi, impressionné et je suis content de l’avoir fait devant lui. Il m’a dit pas mal de choses pour m’améliorer la prochaine fois. »

    « Bref, c’était parfait »

    La fusée occitane résume sa course en deux sentiments distincts. « Je fais un super papillon, je mets bien dans le rythme, j’ai une bonne allure, explique-t-il. Surtout je vois au tableau que je suis en dessous du record. En dos ce n’est pas facile, Foster revient mais je reste devant. Après, je me sens super bien, en brasse c’est génial d’y aller à fond, puis le crawl c’est la survie. Bref, c’était parfait. »

    Marchand a encore quelques beaux rendez-vous cette semaine sur 200 m 4 nages, 200 m papillon et peut-être 200 m brasse et une échéance de rêve dans un an à Paris. On lui parlera toujours de Phelps mais il vient au moins de refermer un chapitre avant d’en ouvrir beaucoup d’autres.

    « Beaucoup de monde lui parlait du record, donc il l’avait dans un coin de la tête mais je crois qu’il a trouvé sa philosophie de vie, résume Castel. Ce qui lui plaît, évidemment, c’est de gagner, mais la première chose c’est d’être bien, d’être heureux et c’est ça qui va lui permettre d’être performant. Les records, c’est la conséquence mais ce n’est pas une obsession. » Il y en a pourtant d’autres qui vont tomber.

    « Le meilleur est à venir, glisse Marchand. Je vais toujours chercher plus loin, je n’ai pas vraiment de limites à ce que je peux faire. Je peux continuer à m’améliorer et descendre en dessous de 4′02. » La barre des quatre minutes n’est même plus un mythe…