Saut à la perche : « Je n’ai toujours pas le record des toilettes », Thibaut Collet veut battre son papa

Sacré champion de France Élite le week-end dernier, Thibaut Collet a parfaitement enchaîné ce jeudi soir pour prendre la deuxième place du All Star Perche de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), organisé par Renaud Lavillenie.

Dauphin de Mondo Duplantis sur ce concours, le Grenoblois de 24 ans a franchi une barre à 5,92 m, synonyme de nouveau record personnel. Désormais cinquième performeur français de tous les temps, le perchiste sera de nouveau en piste dès samedi à Rouen avec, dans un coin de la tête, le record de son père Philippe, qui avait franchi une barre à 5,94 m en 1990. En route pour la Normandie, Thibaut Collet a pris le temps de revenir sur cette soirée particulière lors d’un petit point presse.

THIBAUT COLLET. Je suis revenu au niveau où je voulais être cette saison. Je suis très content parce que j’ai fait une bonne performance dans des conditions assez exceptionnelles pour nous. On n’avait jamais vu un public aussi déchaîné dans une salle. Tout était réuni pour être bon. Je suis content d’avoir pu répondre présent, d’avoir pu montrer que la France, on est là, et qu’il y a de belles choses qui arrivent.

Après votre réussite à 5,92 m, il y a eu des scènes de liesse avec votre papa (Philippe Collet, ancien perchiste et aujourd’hui entraîneur de Thibaut), votre grand-père… Que se passe-t-il dans votre tête à ce moment-là ?

Il y a de la joie car c’est un beau moment que je partage avec des personnes qui sont importantes pour moi. Mon grand-père, c’est lui qui est à l’origine de tout ça. C’est lui qui m’a fait sauter à la perche quand j’avais trois piges. Aujourd’hui, il nous suit de près ou de loin et réussir à faire ça devant lui, ça fait plaisir.

Avez-vous réussi à vous remobiliser comme vous le souhaitiez après ce saut et ces célébrations, pour tenter une barre à 6,02 m ?

Je sais qu’après 5,92 m, je m’attaque à une montagne ! La barre des 6 m, c’est mythique. Mais je pense que la différence entre là et Budapest (il avait déjà tenté cette hauteur lors des Championnats du monde en août dernier), c’est que j’y suis allé vraiment pour franchir. Ce n’était pas pour voir ce que ça donnait. Plus les sauts passaient et mieux j’étais, et je fais un très bon troisième saut. J’avais vraiment envie d’y aller et envie de faire le maximum.

Qu’est-ce qui vous manque pour réussir à franchir cette hauteur ?

J’étais au bout du matériel : je n’avais jamais pris une aussi grosse perche de ma vie. Je pensais que ce serait une perche avec laquelle je pourrais franchir cette hauteur mais finalement, pas tant que ça et je n’en avais pas de plus grosse avec moi. La perche se retrouve à être un peu souple donc je n’avais vraiment pas le droit à l’erreur techniquement. Sur le troisième essai, je pense que je ne fais pas de faute mais il me manque un peu de matériel.

Vous êtes tout proche de battre le record de votre papa…

Ça y est, oui, on se rapproche ! On était à quatre centimètres au mois d’août, là on est à deux centimètres. À Rouen, la montée de barre passe par 5,96 m. Si je suis encore dans la compétition à ce moment-là, je ne tenterai sûrement pas 5,91 m mais directement 5,96 m. Ce record des toilettes comme on dit, vit peut-être ces derniers instants…

Pourquoi un « record des toilettes » ?

Parce que dans ma maison, je n’ai toujours pas le record des toilettes ! Je n’ai pas non plus le record du département, ni celui de la région qui sera très compliqué à battre puisque c’était le record du monde (celui de Renaud Lavillenie, à 6,16 m en 2014). On s’amuse à dire que je n’ai pas encore le record de la maison (rires).

C’est très rare de voir un père et un fils qui se suivent au bilan…

C’est vrai, c’est symbolique ! Ce sont des statistiques mais moi ça me donne encore plus envie de le battre. Je n’ai jamais été aussi proche et je n’arrête pas de lui dire Papa, je vais te fumer ! Là, il va falloir que je mette encore un petit coup de turbo mais c’est vrai que c’est beau. Pour l’histoire de notre sport, c’est sympa. Moi c’était mon rêve de gosse et je suis en train de le vivre. Être juste derrière mon père au bilan et d’avoir pu passer devant des perchistes comme Thierry Vigneron ou Pierre Quinon, c’est un honneur et c’est une belle récompense.

Qu’attendez-vous du concours de Rouen ce samedi ?

En termes d’ambiance et de public, Clermont c’est extraordinaire mais Rouen va donner la réplique. Il y aura 300 personnes de plus dans la salle, c’est sold out aussi. Une fois les pieds dans la salle demain, à l’écoute du public, je pense que je vais être facilement remobilisé. Le but c’est de bien enchaîner, rester sur cette bonne lancée. L’objectif c’est de me rapprocher encore de mon record et si je peux le battre, je ne vais pas m’en empêcher.