Sarcelles : malgré le Covid, les start-up de Numixs continuent de pousser

De dix jeunes sociétés fin 2019, l’Incubateur Numixs accueille désormais 21 entrepreneurs. Si la crise sanitaire a ralenti les projets, les premières promotions arrivent en phase de test, avant la commercialisation.

 Sarcelles, mardi 19 janvier 2021. Isaia Koutene, fondatrice de Lookhubbe est hébergée à l’Incubateur Numixs.
Sarcelles, mardi 19 janvier 2021. Isaia Koutene, fondatrice de Lookhubbe est hébergée à l’Incubateur Numixs. LP/Julie Olagnol

    La première année de l' Incubateur de start-up Numixs, installé avenue du 8-Mai-1945 à Sarcelles et porté par la communauté d'agglomération Roissy-Pays-de-France, a été mouvementée avec la crise sanitaire. Mais la structure, qui intégrera une future Maison du numérique d'ici fin 2022-début 2023, tient bon. Lors de son inauguration fin 2019, dix start-up étaient déjà suivies par l'Incubateur.

    Il en compte désormais vingt et une. Quatre petites nouvelles ont intégré le site ce mardi soir. « Nous avons eu trois départs qui ne sont pas forcément liés au Covid. Toutefois la crise sanitaire a mis des projets à l'arrêt et le risque d'abandon est élevé cette année. On ne peut pas dire que le Covid a fracassé les projets mais il a mis une majorité d'entre eux en difficulté », observe Thomas Segui, le responsable de l'Incubateur.

    Sarcelles, mardi 19 janvier 2021. Thomas Segui est le responsable de l’Incubateur Numixs. LP/Julie Olagnol.
    Sarcelles, mardi 19 janvier 2021. Thomas Segui est le responsable de l’Incubateur Numixs. LP/Julie Olagnol. LP/Julie Olagnol

    Numixs est un mélange de « numérique » et de « mixités ». Les entrepreneurs sont suivis pour deux ans maximum, du développement à la commercialisation. « Les locaux et l'accompagnement sont gratuits, c'est une spécificité de cet incubateur. Le but est de lancer et d'aider à démarrer les projets », souligne Thomas Segui.

    Des start-up ont réorienté leur solution

    Parmi les premières à avoir intégré la structure, Isaia Koutene, fondatrice de Lookhubbe, un réseau social dédié à la beauté. C'est l'un des projets les plus avancés. « Beaucoup d'entreprises sont actuellement en phase de test. Le Covid a créé une grosse perte de temps pour l'ensemble de l'écosystème, start-up comprises. Mais avec la crise, elles ont aussi eu plus de temps pour développer des solutions », signale Thomas Segui.

    Revers de la médaille, « certaines ont perdu des contrats ou ont dû réinventer leur modèle. Des partenaires ont repoussé la date d'utilisation des solutions des start-up. Des investisseurs, également en difficulté, ont freiné. Les aides à l'innovation ont été ralenties car il faut augmenter le capital des boîtes et avoir des retours d'utilisateurs pour en bénéficier. »

    Isaia Koutene a dû réorienter son produit. « Je m'adressais initialement aux salons de beauté et de coiffure via un site Internet, et j'ai finalement pivoté vers une application mobile pour les indépendantes, illustre-t-elle. Durant le deuxième confinement, les établissements recevant du public étaient fermés mais il y avait une véritable demande pour des soins à domicile. »

    Plus de la moitié de Roissy-Pays-de-France

    Fin 2019, l'Incubateur Numixs, désormais labellisé French Tech Tremplin, annonçait un demi-million d'euros de financement pour l'ensemble des start-up. « À cause de la crise sanitaire nous n'avons atteint cet objectif pour l'ensemble de nos incubés que depuis peu », déplore le responsable.

    Environ 70 % des entrepreneurs sont domiciliés dans le Val-d'Oise, dont 55 % sur le territoire de Roissy-Pays-de-France. Le reste vient de toute l'Ile-de-France. « Cela montre que l'Incubateur rayonne au-delà de l'Est Val-d'Oisien », se réjouit Thomas Segui. L'Incubateur compte aussi 24 % de femmes, contre seulement 11 % au niveau national.

    Isaia Koutene, maman solo d'un petit garçon, habite à Garges-lès-Gonesse. « C'est pratique, le bureau est près de chez moi, pas besoin de me déplacer à Paris. Comme les structures les plus connues sont à Paris, on a l'impression, à tort, que tout se passe là-bas et que les gens y sont plus compétents. En termes de profils, de métiers ou d'expériences, c'est beaucoup plus varié que ce que l'on pourrait croire. »

    « Un mélange dingue de compétences »

    « Quel est le portrait cliché du startupper en France ? C'est un homme blanc de 30-40 ans, il habite à Paris, il a fait une école de commerce. La réalité ici est tout autre : il y a un mélange de cultures qu'on n'a pas sur d'autres territoires et un mélange dingue de compétences, pointe Thomas Segui. C'est ce qui fait la force de cet Incubateur. Certains viennent du trading, ont bossé en Chine ou sont autodidactes. »

    Comme Isaia Koutene. Avant d'intégrer l'Incubateur, la jeune femme, titulaire d'un bac STI, a appris les langues aux Etats-Unis avant de travailler dans la vente et de grimper un à un les échelons jusqu'à un poste de commerciale chez OpenClassrooms. « Lorsque les autres entrepreneurs ont des questions sur l'alternance, je suis aussi là pour les renseigner », sourit-elle.

    ELLE INVENTE UN RÉSEAU SOCIAL AUTOUR DE LA BEAUTÉ

    L'application Lookhubbe d'Isaia Koutene sera disponible, à partir du 14 février, sur Androïd et Apple. Ce réseau social réunit des profils de coiffeuses, maquilleuses et prothésistes ongulaires, indépendantes et disponibles à proximité de l'utilisateur.

    Capture de l’application Lookhubbe. Lookhubbe
    Capture de l’application Lookhubbe. Lookhubbe LP/Julie Olagnol

    « Lookhubbe permet de livrer de la beauté, présente l'entrepreneuse. En tant que commerciale, j'étais beaucoup en déplacement et je devais toujours être en représentation. J'ai souvent été déçue en allant n'importe où. Avec Lookhubbe, la recherche se fait par le style et pas par le nom du prestataire », éclaire-t-elle.

    D'un côté, les « beautypros » mettent en valeur leur travail à travers le partage de photos géolocalisées de leurs réalisations. En face, les « lookhubbees » craquent sur une photo et prennent rendez-vous en quelques clics. Elles recommandent leur professionnelle préférée en postant elles aussi leurs clichés.

    L'accès est gratuit pour les utilisatrices et les professionnelles, Lookhubbe prend une commission à ces dernières uniquement sur la vente. Pour sa version test, une centaine de prestataires se sont déjà inscrites en Ile-de-France. « Elles peuvent voir la concurrence et savoir qui a visité leur profil. Par la suite, on inclura des critères comme le type de cheveux », signale-t-elle.

    www.lookhubbe.com