Val-d’Oise : 15 ans de réclusion criminelle requis contre la mère infanticide

Au cours de son réquisitoire, l’avocat général a rappelé les blessures infligées au bébé. Des blessures que la jeune mère ne parvient pas à se remémorer.

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Illustration. LE PARISIEN

    Liam est né dans la nuit du 14 au 15 mars 2012 à Sannois, il pesait 3,5 kg et mesurait 50 cm. Sa mère, Manon, l'a mis au monde toute seule dans une baignoire avant de le tuer, alors que sa « meilleure amie » était dans la pièce d'à côté. Ce mardi à la cour d'assises du Val-d'Oise, l'avocat général a requis à l'encontre de Manon, 15 ans de réclusion criminelle complétée de 5 ans de suivi socio-judiciaire avec obligation de soins pour le meurtre de son petit garçon qui n'aura pas vécu plus de deux heures. À l'encontre de son amie, Carmen, il a requis cinq ans de prison avec sursis pour non-assistance à personne en danger, non-dénonciation de crime et modification de l'état des lieux d'un crime.

    « Sa génitrice lui a donné trois choses : la vie, la mort et un prénom lors de sa garde à vue », a insisté François Capin-Dulhoste, l'avocat général, qui a écarté d'emblée le déni de grossesse puisque Manon se savait enceinte. Il rappelle le terme de « dénégation » employé par la psychiatre et le résume par un va-et-vient entre l'acceptation et le refus de son état. Manon l'a répété à la cour : « je ne voulais pas savoir (si elle était enceinte, NDLR.), je me suis dit que si je ne le savais pas, ça n'existerait pas ». Elle a pourtant vu son ventre grossir et senti son bébé bouger. « Je n'assumais pas cette histoire… Je devais avoir peur qu'on me juge ou qu'on me rejette », explique-t-elle. Le soir des faits, elle persiste dans cette dénégation et ne prévient pas son amie. Même quand celle-ci frappe à la porte après avoir entendu trois coups sourds : « J'étais paniquée », justifie-t-elle.

    « Je ne veux pas me souvenir parce que ça va me détruire »

    Pour établir l'intention de tuer, l'avocat général a détaillé les blessures du nouveau-né : « Il a des brûlures sur le corps qui ont été causées par une eau pouvant monter jusqu'à 64 °C, il est vivant quand ces brûlures sont infligées. Il y a la fracture du crâne due à des chocs multiples qui correspondent assez bien aux trois coups sourds entendus. Mais la cause de la mort, c'est l'asphyxie. 15 cm de papier toilette ont été enfoncés dans la gorge de l'enfant ». À la barre, en pleurs, Manon s'était justifiée ainsi : « pour ne pas qu'il crie, j'ai mis le papier toilette » mais elle ne se souvient pas de l'avoir enfoncé, ni de rien d'autre qui expliquerait ces blessures. « Je ne veux pas me souvenir parce que ça va me détruire. Ce n'était pas mon but de lui faire mal », affirme-t-elle.

    « Elle a conscience de ce qu'elle a fait mais elle est à l'extérieur de ce qu'elle a fait car cette image est insoutenable », appuie Me Frédéric Zajac, l'un de ses avocats. Et ce dernier de souligner les carences affectives de sa cliente : « A 17 ans, elle avait de grosses difficultés psychologiques enfouies au fond d'elle. Manon n'a jamais été nourrie par sa maman, elle s'est construite comme ça ».

    Le verdict est attendu ce mercredi.