Désert médical : à Houdan, la télémédecine au secours de la campagne

Depuis quelques jours, une cabine de télémédecine est en service dans un local public de cette commune rural de 3 500 habitants. Un moyen de lutter contre le désert médical.

Illustration. Dans ces cabines, le patient est actif et réalise lui-même certaines manipulations.
Illustration. Dans ces cabines, le patient est actif et réalise lui-même certaines manipulations.

    Et si c’était le nouveau médecin de campagne ? Face à la désertification médicale, les zones rurales sont contraintes d’adopter la télémédecine. À Houdan (Yvelines), une cabine de consultation médicale à distance vient ainsi d’être installée dans un local public de cette commune frontalière de l’Eure-et-Loir.

    Les horaires sont assez restreints puisque adaptés au service public : les patients ne peuvent s’y présenter aux heures ouvrables*. À l’intérieur de cette cabine signée Medadom, un écran permet de dialoguer en visioconférence avec l’un des 160 à 200 médecins reliés au dispositif et répartis dans toute la France. Ils sont en général joignables en quelques minutes. Un thermomètre, un stéthoscope, un tensiomètre… sont mis à la disposition du patient. À lui d’utiliser ces appareils. Au praticien, de l’autre côté de l’écran, d’interpréter les résultats.

    Dans la pratique, ce n’est évidemment pas le moyen idéal pour prendre en charge les patients, notamment les plus âgés. Généralement moins familiers des nouvelles technologies, ils seront toutefois aidés, sur place, pour la partie informatique.

    « La moins mauvaise » des solutions

    Mais c’est « la moins mauvaise » et la plus rapide des solutions à mettre en place pour les élus locaux, confrontés à la lente disparition des médecins dans ce secteur. « Sur l’ensemble du pays Houdanais, nous comptons neuf généralistes, pour 35 000 à 40 000 habitants. C’est insuffisant et de nombreux habitants n’ont même pas de médecin traitant, estime Jean-Marie Tetart, maire (LR) de Houdan et président de la communauté de communes du pays houdanais. Quand j’étais plus jeune, la seule commune de Houdan en comptait six ou sept ! Nous avons donc opté pour cette solution pratique, rapide et peu onéreuse puisqu’elle coûte 215 euros mensuels à la CCPH. Cela ne nous empêche pas de réfléchir à d’autres solutions. »

    La région de Houdan n’est pas le premier territoire rural du département à tester la télémédecine. À Bréval, un grand village similaire situé à une vingtaine de kilomètres de là, la box installée dans la pharmacie se révèle d’une grande facilité d’utilisation et apporte une solution de secours à la bobologie : angine, cystite, ordonnance pour un examen spécialisé…Elle est également en expérimentation dans certains Ehpad et dans les services d’urgence pédiatrique des hôpitaux de Mantes-la-Jolie et de Poissy. Les résultats de ce test semblent mitigés.

    Observée avec prudence par la profession

    Car en dépit de ces avantages, cette technologie est observée avec prudence par la profession. L’an passé, le conseil national de l’ordre des médecins relativisait son intérêt : « Si elle peut être une aide à la prise en charge d’un patient, elle ne constitue pas, à moyen terme, une mesure pour compenser le déficit de médecins, notamment dans les zones sous denses, même si elle peut dans certaines situations faciliter l’accès aux soins, expliquait alors cette instance. En outre, si le médecin téléconsultant n’est pas dans le même territoire que le patient, la méconnaissance de la réalité du terrain par le médecin peut poser difficultés. »

    *31 rue d’Epernon ouvert du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 13h30 à 17h.