Yvelines : un an de prison avec sursis requis pour avoir laissé mourir son chien

Émilie comparaissait devant le tribunal pour avoir abandonné son chien dans un appartement insalubre à Houdan.

 Salle des pas perdus du tribunal de Versailles, ce mercredi. De nombreux militants de la cause animale sont venus assister à l’audience.
Salle des pas perdus du tribunal de Versailles, ce mercredi. De nombreux militants de la cause animale sont venus assister à l’audience. LP/JULIEN CONSTANT

    Seule devant une salle d'audience remplie de militants et d'avocats dévoués à la cause animale, Émilie tremble. Parée de bijoux et vêtue d'un large tee-shirt posé sur un collant noir, cette femme imposante de 40 ans se confond en excuses. Elle comparaissait ce mercredi matin devant le tribunal correctionnel de Versailles pour avoir laissé mourir son chien briard de faim et de soif en le séquestrant dans son appartement insalubre de Houdan (Yvelines), en juillet 2017. Le procureur a requis une peine d'un an de prison avec sursis. Le tribunal rendra son jugement le 26 septembre prochain.

    Houdan (Yvelines), 2017. La dépouille de Wax avait été découverte par les gendarmes dans un appartement de Houdan. DR
    Houdan (Yvelines), 2017. La dépouille de Wax avait été découverte par les gendarmes dans un appartement de Houdan. DR LP/JULIEN CONSTANT

    Tout commence vers 11 h 30 le 23 juillet lorsque la voisine prévient les gendarmes. Elle ne voit plus Émilie depuis des jours et pense que des animaux pourraient se trouver en danger dans son appartement. Les militaires pénètrent dans le logement et y découvrent des monceaux d'excrément. Un canapé est lambeaux, un mur porte des traces de griffures et le cadavre d'un chien noir se trouve dans le salon.

    Wax est abandonné dans son appartement insalubre

    Les militaires appellent la propriétaire qui refuse d'entrer dans ce logement qu'elle n'habite plus depuis mai 2016 après un dégât des eaux qui a détruit le plafond. Mais elle y a laissé son chien, Wax, un briard trop gros pour l'accompagner sur les canapés de ses amis et chez sa mère qui l'héberge. « J'ai continué à payer le loyer pour le chien. Je pensais trouver rapidement un appartement et venir le chercher. Je ne voulais pas le donner même si je savais qu'il n'était pas heureux ».

    Durant cette année, elle vient ravitailler son chien avant de peu à peu l'oublier. Cette semaine fatale, il fait chaud. Wax est affaibli par un an de mauvais traitement. Le chien déshydraté agonise seul et couinant, gémissant et aboyant avant de rendre son dernier souffle dans ce taudis. « Si c'était à refaire je le referais autrement. Je ne me suis pas rendu compte, assure-t-elle devant la barre du tribunal. J'ai honte, je n'ai pas su demander de l'aide. Je n'aurais jamais pensé que mon chien puisse en mourir. J'ai toujours aimé les animaux. Mais aujourd'hui je n'en ai plus ».

    Des faits «inacceptables et inexpliqués»

    Un an plus tard, cette femme est au chômage et sous traitement antidépresseurs suite à cette histoire. Elle raconte qu'à cette période, elle travaillait douze heures par jour et était dépassée par de nombreux problèmes personnels. Elle est surendettée, ses trois enfants sont placés et elle entretenait une relation sentimentale avec un homme marié. « J'étais tellement fatiguée que j'agissais comme un robot », souffle-t-elle.

    Les avocats des associations ont dénoncé des faits « inacceptables et inexpliqués » avant de demander que le juge prononce une interdiction définitive de détenir un animal. Le procureur a requis une peine d'un an de prison avec sursis, 5 000 € d'amende avec sursis et une interdiction définitive de détenir un animal. Le magistrat remarque que durant un an, Émilie avait une vie sociale entourée d'amis, de collègues et de voisins qui auraient pu l'aider à trouver une solution pour son chien.