Pourquoi les remises sur les voitures disparaissent peu à peu
Le monde de l’automobile est une fois de plus confronté à une nouvelle révolution. Au moment où la plupart des marques s’ingénient à électrifier leur gamme, les méthodes de vente se transforment à toute vitesse également. Une évolution pas toujours positive pour le client.
Un nouveau rôle pour le concessionnaire du coin
Naguère, et souvent encore aujourd’hui, cela se passait ainsi : pour acheter une voiture, on commençait par opérer une sélection sur internet ou sur brochures, on se rendait chez un concessionnaire du voisinage, on choisissait le modèle voulu et on l’achetait sur place. Il était possible de négocier le prix, souvent avec une (petite) remise ou des accessoires supplémentaires à la clé. C’était possible parce que le vendeur pouvait lui-même fixer sa propre marge bénéficiaire sur les voitures.
Ce mode de fonctionnement est appelé à changer radicalement dans les prochaines années. Les clients sont de plus en plus nombreux à composer leur voiture idéale sur le site des constructeurs et à la commander en ligne. Du coup, les prix sont fixes et il n’est plus possible de les négocier. Parallèlement, le rôle du concessionnaire physique change également : il ne vend plus lui-même, et ne sert encore que de point d’enlèvement des voitures commandées en ligne. Il ne touche pour cela qu’une prime de livraison, bien inférieure aux marges bénéficiaires consenties actuellement. Les concessionnaires locaux sont aussi de plus en plus souvent absorbés par de grandes sociétés, à la gestion verticale stricte.
Les marges déjà sous pression
Cette évolution ne semble pas faire l’affaire du consommateur mais notre expert Steve Mestdagh, à qui rien de ce qui touche à l’automobile n’échappe, nuance : “L’époque où vous obteniez systématiquement une belle remise chez le concessionnaire automobile du coin, chez qui vous aviez acheté toutes vos voitures, était déjà révolue de toute manière”, note-t-il. “Aujourd’hui, il faut être un négociateur de première force ou avoir une excellente relation avec son concessionnaire pour pouvoir arracher une remise significative. Et il est d’ailleurs plus correct pour le consommateur que tout le monde paie le même prix, comme c’est le cas quand on achète en ligne.”
La marge du concessionnaire était d’ailleurs déjà sous pression. “La voiture électrique a aujourd’hui le vent en poupe, et elle se vend avec une marge bien inférieure à celle sur les voitures à essence ou diesel”, poursuit Mestdagh. “A quoi vient encore s’ajouter le manque de microprocesseurs et d’autres éléments qui empêche les constructeurs de faire face à la demande. Ils ont donc bien moins besoin de faire miroiter des remises pour écouler leurs voitures.”
En quête de nouveaux revenus
Comme les concessionnaires voient s’évanouir une bonne partie de leur marge bénéficiaire, ils doivent chercher d’autres sources de revenus. Ils les trouvent souvent dans la fourniture de certains services. Par exemple des voitures partagées ou des voitures en location de brève durée, pour les vacances par exemple, ou d’autres solutions de mobilité comme des trottinettes ou des vélos partagés, de l’autofinancement, ou encore des assurances, des accessoires …
“Ce qu’on voit aussi de plus en plus, c’est la possibilité d’acheter certains équipements de la voiture sous forme d’un abonnement”, rapporte notre expert. “Par exemple en versant une mensualité pour le chauffage des sièges de votre auto, ou pour un supplément d’autonomie de votre voiture électrique. C’est là aussi un autre modèle économique pour les concessionnaires automobiles. Mais, pour nous, il s’agit là d’une évolution regrettable : cela ne fait qu’augmenter le prix d’utilisation du véhicule et il devient de plus en plus difficile d’estimer avec précision ce que vous coûtera cette voiture.”
Mobilité plutôt que voiture personnelle
Les voitures sont donc de plus en plus chères. Cela ne tient pas seulement à l’avènement de la voiture électrique. Les prix des voitures à essence et diesel ont aux aussi fortement augmenté. Que penser d’une Volkswagen Golf, dont le prix de la version de base est passé d’un petit 20 000 € en 2010 à 30 000 € environ aujourd’hui ? En outre, les jeunes ont de moins envie de passer leur permis et d’acheter leur propre voiture, sans doute en partie à cause de cette énorme hausse des prix.
“Les jeunes en viennent à la constatation qu’ils n’ont pas besoin d’une voiture en permanence, ou bien ils habitent en ville et ne souhaitent pas perdre tous les jours du temps à chercher un endroit où garer leur voiture. A leurs yeux, la voiture ne confère plus un statut, tout ce qu’ils veulent, c’est une solution pour aller d’un point A à un point B”, remarque Leo Muyshondt, spécialiste mobilité chez Test Achats. “Ces solutions de mobilité sont de plus en plus nombreuses, et les jeunes s’y retrouvent facilement. Les abonnements en ligne et les applis leur permettent de passer sans souci d’une voiture partagée à un train ou un bus, puis à un vélo partagé. Et, à terme, ils constatent que c’est plus avantageux qu’avoir sa propre voiture, avec tous les frais que cela implique.”
Reste quand même à savoir si c’est possible pour chacun. “Nous traversons effectivement une difficile période de transition”, reconnaît Muyshondt. “Tout le monde ne s’est pas converti aussi aisément à ces nouvelles formes de mobilité et nombreux sont ceux qui habitent à la campagne, où il est très difficile de se passer d’une voiture. Mais il n’y a pas que les nouvelles voitures à être très chères. Celles de seconde main aussi sont plus coûteuses et plus rares, notamment du fait des inondations de l’été dernier, qui ont détruit des dizaines de milliers de véhicules. A cela s’ajoute encore l’interdiction d’une série de vieilles voitures dans certaines villes ou certaines régions. On affronte donc une “tempête parfaite”, conjuguant toutes sortes de facteurs, et qui complique parfois très sérieusement la quête d’une voiture abordable, surtout par une personne sans grands moyens financiers et contrainte de remplacer sa voiture d’urgence.”
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