Réponse d’expert

Effets secondaires, dangers, efficacité : les réponses à vos questions les plus fréquentes sur la contraception

04 juin 2024
Questions sur la contraception et les moyens de contraception

Il existe de multiples moyens de contraception, et il n'est pas toujours simple de choisir. Des modes de contraception sont-ils à éviter dans certains cas ? Quels sont les effets secondaires possibles ?  Notre experte répond à vos questions les plus fréquentes en matière de contraception.

La pilule et la contraception hormonale font-elles grossir?

Certaines femmes qui commencent à prendre la pilule contraceptive combinée (pilule "classique" œstrogène/progestagène) prennent du poids. Cette prise de poids n'est toutefois pas forcément due à la pilule. Jusqu'à présent, les études scientifiques sur le sujet n'ont montré aucun lien entre les deux. Un constat qui vaut également pour d'autres moyens de contraception utilisant une combinaison d'hormones (progestagène et œstrogène), comme l'anneau vaginal ou le patch hormonal.

Un nombre limité d'études ont comparé des femmes prenant la pilule ou utilisant un patch hormonal avec des femmes prenant un moyen de contraception non hormonal ou un placebo. Les auteurs de ces études suggéraient que les femmes du premier groupent ne prenaient pas plus de poids que les autres.

Pilule contraceptive

En revanche, le constat est différent en ce qui concerne l'injection hormonale (aussi appelée "piqûre contraceptive"). La Nederlandse Huisartsen Genootschap (Société néerlandais des médecins généralistes) a récemment analysé cette situation et, selon elle, ce mode de contraception pourrait bel et bien provoquer une prise de poids de quelques kilos. Toujours selon la NHS, les autres moyens de contraception reposant uniquement sur la progestagène n'aurait aucune influence sur le poids des patientes.

Vous venez de commencer à utiliser un moyen de contraception hormonal et vous avez pris un peu de poids ? Ne soyez pas trop inquiète. Les experts expliquent que sous l'effet des hormones, votre corps peut retenir plus de liquide dans votre corps. Après quelques mois, votre corps devrait s'habituer aux hormones et votre poids devrait à nouveau diminuer.

La pilule et la contraception hormonale jouent-elles sur votre libido?

C'est possible, mais il n'y a pas de réponse tranchée à cette question.

La majorité des femmes ne font part d'aucun changement à ce niveau.

Selon le Farmacotherapeutisch Kompas, entre 0,1 % et 1 % des femmes qui prennent la pilule combinée, et entre 1 % et 10 % des femmes qui utilisent des moyens de contraception contenant uniquement du progestagène, font part d'une baisse de leur libido. Il n'y a toutefois pas encore de lien établi entre les deux, et de nombreux autres facteurs peuvent jouer. Si une récente étude affirme qu'une baisse de la libido peut intervenir chez les femmes qui commencent à prendre un moyen de contraception hormonal, d'autres études seront nécessaires pour le confirmer. Actuellement, il y a manque d'études à ce sujet.

Contraception, libido et desir sexuel

À l'inverse, certaines femmes font part d'une hausse de leur libido lorsqu'elles commencent à prendre la pilule. Cet appétit sexuel plus grand pourrait aussi être du à la réduction des craintes de grossesse non désirée.

Vous ressentez une baisse de votre libido après avoir commencé à utiliser un moyen de contraception ? Parlez-en à votre gynécologue. Le passage à une pilule dont la composition est différente, ou à un autre mode de contraception, peut aider. 

Certains moyens de contraception peuvent-ils provoquer des caillots sanguins?

La pilule contraceptive peut-elle provoquer une thrombose?

Tout dépend de la pilule contraceptive.

La minipilule, qui ne contient que du progestagène, n'augmente pas le risque de thrombose. En revanche, le risque de thrombose est plus élevé avec la pilule contraceptive classique (œstrogène et progestagène).

L'importance du risque de thrombose dépend de la composition de la pilule. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce ne sont pas les pilules les plus modernes qui sont les plus sûres. Le risque de caillots sanguins est le plus faible avec les pilules combinées de deuxième génération, un peu plus anciennes. Elles ont une faible dose d'œstrogènes, combinée avec du "lévonorgestrel" ou du "norgestimate" (comme hormone progestative). Ce type de pilule combinée reste le choix à privilégier.

Il convient toutefois de rappeler qu'en chiffres absolus, le risque de thrombose avec n'importe quelle pilule contraceptive combinée reste très faible.

Type de pilule

Exemples

Cas de thrombose/an

Pilule combinée éthinylestradiol et lévonorgestrel

Asterluna Continu, Eleonor 20, Lavinia, Levesialle Continu, Levorichter 30, Lowette, Microgynon, Noranelle, Stediril

5 à 7 femmes sur 10000

Pilule combinée éthinylestradiol et norgestimate

Cibel

5 à 7 femmes sur 10000

Pilule combinée éthinylestradiol et diénogest

Dienobel, Louise, Oedien, Serisima Continu

8 à 11 femmes sur 10000

Pilule combinée éthinylestradiol et drospirenone

Annaïs, Armunia, Bradley, Daylette, Dorinelletheramex, Dorintheramex, Drosana, Droseffik, Drospibel, Margotviatris, MarliesViatris, Perynella, Yadere, Yasmin, Yasminelle, Yaz

9 à 12 femmes sur 10000

Pilule combinée estetrol et drospirenone

Drovelis, Lydisilka

Risque inconnu

Pilule combinée éthinylestradiol et gestodene

Femodene, Gaelle, Harmonet, Lindynette, Meliane, Minulet, Mirelle

9 à 12 femmes sur 10000

Pilule combinée éthinylestradiol et désogestrel

Desolina, Desorelle, Lumivela Continu, Marvelon, Mercilon

9 à 12 femmes sur 10000

Pilule combinée éthinylestradiol et chlormadinone

Bellina, Helen

Risque inconnu

Pilule combinée estradiol et nomégestrol

Zoely

Risque inconnu

À titre de comparaison, on dénombre :

  • 2 cas de thrombose sur 10 000 par an pour les femmes qui n'utilisent pas de moyen de contraception (et qui ne sont pas enceintes).
  • de 10 à 30 cas de thrombose sur 10 000 par an chez les femmes enceintes.
  • De 50 à 100 cas thrombose sur 10 000 par an pour les femmes enceintes durant les six premières semaines après le début de la grossesse.

D'autres moyens de contraception hormonale peuvent-ils provoquer une thrombose ?

Hormis la pilule combinée, d'autres moyens de contraception présentent un risque accru de thrombose. C'est notamment le cas du patch hormonal et de l'anneau vaginal. De 6 à 12 femmes sur 10 000 par an qui utilisent ces moyens de contraception développent un caillot sanguin.

Les moyens de contraception qui n'utilisent que du progestagène (stérilet hormonal, implant hormonal, minipilule) ne présentent pas de risque accru de thrombose.

risque de thrombose et caillot sanguin avec contraception

Un doute subsiste en ce qui concerne l'injection hormonale. Pour cette raison, le Centre Belge d’Information Pharmacothérapeutique (CBIP) déconseille ce moyen de contraception si vous présentez déjà des risques accrus de thrombose ou de maladies cardiovasculaires.

Voici quelques symptômes qui peuvent indiquer une thrombose :

  • Douleur, rougeur et gonflement d'une jambe ;
  • Essoufflement soudain et toux, avec parfois un peu de sang ajouté ;
  • Douleur thoracique lors de la respiration ;
  • Respiration accélérée et accélération du rythme cardiaque ;
  • Maux de tête intenses.

Les hormones contenues dans certains moyens de contraception peuvent-ils causer une dépression?

On estime qu'entre 1 % et 10 % des femmes qui utilisent des moyens de contraception hormonaux présentent des signes de dépression ou des changements d'humeur.

Mais ces changements sont-ils dus aux hormones contenues dans le moyen de contraception ?

Selon le NHG, certains éléments indiqueraient que les hormones contenues dans les moyens de contraception affecteraient le le "métabolisme du cortisol" (le cortisol est une hormone de stress). En théorie, la contraception hormonale jouerait donc un rôle sur l'apparition des problèmes cités ci-dessus.

Au niveau des études scientifiques, les conclusions sont contradictoires. Certaines font part de l'apparition plus fréquente de symptômes dépressifs chez les femmes qui utilisent des moyens de contraception hormonale, notamment chez les adolescentes et durant les six premiers mois du traitement. D'autres n'établissent aucun lien entre la contraception hormonale, la dépression et les changements d'humeur.

Bref, sur la base des preuves scientifiques actuelles, il n'est pas possible d'établir un lien clair entre la contraception hormonale et l'apparition des dérèglements de l'humeur. Il convient également de rappeler que de nombreux facteurs jouent un rôle dans le développement des symptômes dépressifs et de la dépression. 

Certains moyens de contraceptions sont-ils à déconseiller pour les adolescentes?

L'injection hormonale est moins adaptée aux adolescentes. Des études scientifiques suggèrent qu'elle réduirait la densité osseuse chez les adolescentes. Le phénomène serait réversible si elles stoppent les injections hormonales.

Gardez également à l'esprit que ce mode de contraception est le seul qui ne permet pas un retour rapide de la fertilité lorsqu'il est arrêté. Il faut attendre environ une année avant que la fertilité ne se rétablisse.

Outre le préservatif, les adolescentes utilisent principalement la pilule comme moyen de contraception. Si le préservatif présente le grand avantage de protéger également contre les IST, ce n'est pas le moyen de contraception le plus efficace. Sur une année, 18 % des femmes dont le partenaire utilise un préservatif tombent tout de même enceintes.

Mais il existe également d'autres options comme le stérilet, le stérilet hormonal, ou l'implant hormonal, le patch hormonal ou encore l'anneau vaginal. Vous ne savez pas quel moyen de contraception choisir ? Consultez notre dossier complet sur la contraception, avec les avantages et inconvénients des moyens de contraception les plus répandus.

Quel moyen de contraception choisir?

Le stérilet hormonal est-il sûr pour les adolescentes ?

Plusieurs organismes de santé de premier plan (dont la Nederlandse Huisartsengenootschap aux Pays-Bas, la Faculty of Sexual and Reproductive Healthcare au Royaume-Uni et l'Organisation mondiale de la santé) soulignent qu'il n'y a pas d'objection à l'utilisation du stérilet par les adolescentes.

Mais des rumeurs circulent au sujet d'adolescentes qui contracteraient une infection à cause du stérilet et deviendraient stériles. À ce sujet, rien ne prouve que les femmes soient plus susceptibles de souffrir d'infertilité après avoir utilisé un stérilet moderne que les femmes qui n'ont pas utilisé de stérilet.

Il est cependant vrai que durant les trois premières semaines après la pose du stérilet, les femmes peuvent avoir un risque légèrement accru d'infection dans le petit bassin (des trompes de Fallope, des ovaires et/ou de l'utérus). Si une telle infection n'est pas traitée correctement ou à temps, elle peut entraîner des complications, telles que, dans de rares cas, la stérilité.

Notez également que :

  • ce sont principalement les femmes atteintes d'une IST non traitée, comme la chlamydia ou la gonorrhée, qui courent un risque légèrement accru d'infection dans le petit bassin au cours des trois premières semaines suivant la pose du stérilet. Ce risque est normalement testé dans les groupes à haut risque.
  • Même chez les femmes porteuses d'une IST et qui se font poser un stérilet, l'inflammation du petit bassin survient rarement (le risque de 1,10 % contre 0,44 % en l'absence d'IST).
  • Après trois semaines, il n'y a pas d'augmentation du risque d'infection des trompes de Fallope, des ovaires, de l'estomac et des reins.

Kyleena ou Mirena: un stérilet plus petit est-il préférable pour les adolescentes?

La pose d'un stérilet dans l'utérus peut être très inconfortable, voire douloureuse. Heureusement, la plupart des femmes n'en souffrent pas. Les adolescentes ou les femmes qui n'ont jamais accouché peuvent ressentir cela un peu plus souvent. Mais même chez elles, la plupart des insertions sont réussies et bien tolérées.

Il existe différentes tailles de stérilets hormonaux sur le marché. Le stérilet Kyleena est légèrement plus petit que le Mirena. Selon certains médecins, il conviendrait donc mieux aux femmes qui n'ont jamais été enceintes ou qui n'ont jamais accouché, ou qui ont un col de l'utérus étroit/un petit utérus. La taille plus petite rendrait le stérilet plus facile à insérer et causerait moins de douleur.

Mais est-ce vraiment le cas ?

Les preuves scientifiques sont encore très maigres. Il n'existe pas de recherches solides comparant directement les deux stérilets.

Outre sa taille plus petite, le Kyleena contient moins d'hormones que Mirena. Le fabricant espérait qu'une dose plus faible d'hormones (lévonorgestrel) entraînerait moins d'effets secondaires. Mais même cela n'a pas été démontré de manière concluante à l'heure actuelle.

Sur la base des recherches disponibles, le NHG conclut que, pour le moment, il n'y a pas de preuve que le Kyleena soit plus bénéfique que le Mirena. Sachez également qu'un stérilet Mirena offre une protection de huit ans contre la grossesse. Kyleena, en revanche, doit être remplacé au bout de cinq ans seulement. Les deux stérilets sont toutefois gratuits pour les jeunes jusqu'à 25 ans.