Les municipales divisent la majorité

Alors que La République en Marche poursuit ses investitures pour les municipales, le sujet n’est pas sans créer des tensions au sein de la majorité.

 Edouard Philippe entend s’impliquer dans le scrutin de mars prochain, au risque d’agacer l’état-major de la République en marche (LREM).
Edouard Philippe entend s’impliquer dans le scrutin de mars prochain, au risque d’agacer l’état-major de la République en marche (LREM). AFP/Alain Jocard

    « Élargissement » et « rassemblement » : l'état-major de La République en marche n'a que ces mots à la bouche. Et pourtant… Ménager les différentes sensibilités ne va pas toujours de soi pour le parti majoritaire. Parfois, la rencontre des contraires n'est même que partie remise.

    En témoigne ce déjeuner, prévu ce mardi et de longue date à Matignon. Un rendez-vous entre Édouard Philippe et une dizaine de maires de gauche, essentiellement PS, finalement reporté « pour des raisons d'agenda », dit-on. Partie remise. A priori à la semaine prochaine, vendredi 12 juillet. Même lieu, même heure… et même menu : les élections municipales.

    Car ce n'est un mystère pour personne, le locataire de Matignon entend s'impliquer dans le scrutin de mars prochain. Au risque d'agacer l'état-major de la République en marche (LREM) avec qui les relations sont parfois bien plus compliquées qu'il n'y paraît. « Ce n'est pas une guerre larvée… plutôt une entente cordiale », résume un député LREM, qui ne goûte guère les tentatives du chef du gouvernement pour imposer certains élus dont il est proche, notamment ses anciens amis LR.

    Premières décisions surprenantes

    « Matignon ne sera jamais un parti politique. Ce n'est pas dans le bureau d'Édouard Philippe que se décident les candidatures aux municipales », assène un membre de la Commission nationale d'investiture (CNI), qui rappelle, par ailleurs, que le Premier ministre n'a jamais pris sa carte à LREM.

    Résultat, les premières décisions de la CNI ont parfois réservé quelques surprises à Matignon. En témoigne le cas de Vannes où le maire sortant David Robo, ex-LR et pourtant jugé Macron-compatible, aura face à lui un candidat investi par LREM, Patrick Le Mestre. Même chose à Toulon avec le sortant Hubert Falco, ex-juppéiste qui a encore reçu Philippe pendant les européennes, et qui aura face à lui la députée marcheuse Cécile Muschotti. Preuve, s'il en est, qu'on ne fait pas la peau aux vieux clivages si aisément.

    Et ce n'est pas l'allié MoDem qui dira le contraire. Officiellement, jure un proche du président, entre les deux formations, « le contact est permanent, les discussions sont constructives, les choses se font en transparence ».

    «Nous sommes d'accord pour être en désaccord»

    François Bayrou rassure, lui, ainsi les siens en petit comité : « Nous sommes d'accord pour être en désaccord. » Et pourtant… Sur ce front-là aussi, les sujets de crispation s'amoncellent. Il n'est qu'à entendre ce permanent du parti centriste pester contre « ce nouveau monde qui a des façons de procéder dignes du monde préhistorique ». Ou Patrick Mignola, patron des députés MoDem, mettre en garde contre « la tentation du parti unique et de la pensée unique ».

    En cause, le calendrier. Le MoDem voulait attendre septembre. « C'est très tôt et cela crée des tensions importantes », déplore un député centriste. Mais surtout une série de points durs. À commencer par l'investiture de Thomas Cazenave à Bordeaux. Un cadre MoDem va jusqu'à parler de « casus belli ». Ce n'est pas le seul. Clermont-Ferrand ? Le parti de François Bayrou a un candidat, LREM en a désigné un lundi dernier.

    « De toute évidence, ils acceptent d'assumer les conflits », observe Mignola, pour qui les centristes ont « vocation » à investir leur chef de file. Mais ce n'est pas tout. Aix-en-Provence, aussi, pourrait poser problème. Quant à Dijon… la perspective d'une liste LREM contre le sortant PS François Rebsamen, avec lequel le MoDem compte maintenir son alliance, irrite. Une illustration de plus de la devise de Bayrou : « alliés mais pas alignés ». Et la preuve qu'il n'est pas toujours aisé de gérer une majorité patchwork.