Vanves : le mari violent se noie dans les incohérences

Jugé aux assises, Karim M. nie les coups portés à sa femme en multipliant digressions et balivernes.

L’époux violent est jugé devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine.
L’époux violent est jugé devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine. LP/Olivier Boitet

    Une histoire de caddie pour transporter une batterie de camion, une quiche dans le four... Il faut être très concentré pour essayer de suivre Karim M., jugé depuis mercredi aux assises à Nanterre, pour les violences infligées à sa femme dans l'appartement conjugal, à Vanves le 10 juin 2016. Interrogé ce jeudi sur les faits, un coup donné au sein avec un téléphone portable, puis dans l'oeil, avec le même portable et une violence telle que la victime en a perdu l'oeil, l'accusé s'est noyé dans d'incompréhensibles digressions.

    «Vous dites que vous avez trouvé votre femme blessée en rentrant chez vous. Comment se fait-il que votre épouse ait elle-même appelé les pompiers avec votre téléphone ? » l'interroge la présidente. «Pourquoi vous dites que j'étais sorti ? » répond l'accusé, gesticulant dans le box. Crâne rasé, barbe mi-longue, il ne parle jamais sans agiter les bras. Armée de patience, la présidente reformule sa question, soulignant que si l'épouse a utilisé le téléphone du mari, c'est bien qu'il était avec elle.

    «Je sais pas, la quiche elle brûlait dans le four, je ne l'ai pas vue se servir de son téléphone ni de mon téléphone... »L'interrogatoire tourne au dialogue de sourds. «Monsieur, ou bien vous étiez dehors, ou bien vous étiez dans l'appartement... » essaie encore la présidente. «Votre question, elle est pas claire », s'emporte maintenant Karim.

    « Pourquoi dépose-t-elle plainte et raconte-t-elle exactement la même chose depuis deux ans ? »

    C'est pourtant simple. Du jour de sa plainte au procès d'assises, la victime répète le même déroulement des faits. Le bornage téléphonique et les appels aux pompiers attestent les déplacements et la chronologie. Quant aux mains courantes et précédents actes de violence, elles contredisent le discours de Karim affirmant avoir toujours pris soin de son épouse. «Alors pourquoi dépose-t-elle plainte et raconte-t-elle exactement la même chose depuis deux ans ? », tente encore la présidente.

    «Ma femme, elle a menti parce qu'elle avait peur de l'infirmière », rétorque l'accusé. L'infirmière à laquelle Faïza avait fini par se confier. Souffrant de troubles neurologiques depuis un accident de voiture, la victime n'est pourtant ni délirante, ni affabulatrice d'après les experts psy. Quant à Karim, il est «très rigide » et manifeste des «traits paranoïaques ». Il encourt 15 ans de réclusion. Le verdict sera rendu ce vendredi.