Oise : de plus en plus de maisons saisies et vendues aux enchères

Crise économique oblige, de nombreux propriétaires sont dépossédés de leur bien par le tribunal de Compiègne pour être cédé. Des ventes prisées par les professionnels mais qui, c’est moins connu, sont ouvertes aux particuliers.

 Compiègne, le 17 octobre. Pour participer aux enchères publiques, il est obligatoire d’être représenté par un avocat.
Compiègne, le 17 octobre. Pour participer aux enchères publiques, il est obligatoire d’être représenté par un avocat. LP/J.B.

    Jour d'enchères publiques au tribunal de Compiègne. « 100 000 €. On va gagner du temps ! », lance un avocat. Une maison de 83 m2 située à Choisy-au-Bac attire les convoitises. Prix de départ : 33 000 €. Elle sera finalement vendue pour 106 000 €. Dans un village où le prix moyen du m2 approche les 2 000 €, soit près de 170 000 pour le bien en question.

    Les audiences d'adjudications, de leur vrai nom, ont lieu presque tous les mois dans la cité impériale. De plus en plus de biens y sont vendus à des prix défiants toute concurrence. « En 2013, il y a eu 39 saisies immobilières sur le ressort de notre tribunal, détaille Patrick Rossi, président du tribunal. Puis 45 en 2014, 68 en 2015 et 71 en 2016. »

    Obligation d'être représenté par un avocat

    Les enchères sont ouvertes à tous. A Compiègne, toutefois, « ce sont le plus souvent trois ou quatre marchands de biens, toujours les mêmes, qui participent », explique Me Thibault Vandierendonck, avocat spécialisé. Car c'est l'une des conditions pour participer à la vente : être représenté par un membre du barreau local.

    Dans la salle d'audience, le jeu est bien rodé. Patrick Rossi, le président du tribunal, présente rapidement le bien. Le chronomètre est lancé. « A chaque enchère, il est remis à zéro, précise Me Vandierendonck. La vente est terminée si personne ne se prononce pendant 1,30 min. »

    Une procédure complexe

    Du fond de la salle, c'est par signes que les marchands de biens donnent des instructions à leurs représentants. Ils s'observent, entre connaisseurs. « Il y a parfois des particuliers qui viennent, la vente devient alors moins intéressante pour les professionnels, souligne Thibault Vandierendonck. Quelqu'un qui cherche sa maison enchérira davantage. »

    Les ventes sont annoncées sur Internet, dans les journaux et affichées au tribunal. Pour autant, avant de se précipiter, mieux vaut se renseigner. La visite du bien, en amont de la vente, se fait sur rendez-vous. « Et pour participer, deux chèques de banque sont exigés, poursuit l'avocat. Un correspondant à environ 10 % de la mise de départ et un autre pour les frais. » A cela s'ajoutent une taxe (8 000 à 10 000 €, dont un quart pour l'acheteur) et les impôts.

    Une fois la vente terminée, « n'importe qui peut encore enchérir pendant 10 jours, auquel cas le dossier revient à l'audience, conclut Me Vandierendonck. Une fois le jugement définitif, l'acheteur a deux mois pour payer. » Un passage chez le notaire conclut la transaction.

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