Margny-lès-Compiègne : riverains et casse automobile s’affrontent toujours

 Margny-lès-Compiègne, vendredi. Contrairement aux apparences, la casse automobile Brion se trouve à Clairoix, mais à côté de maisons situées à Margny.
Margny-lès-Compiègne, vendredi. Contrairement aux apparences, la casse automobile Brion se trouve à Clairoix, mais à côté de maisons situées à Margny. LP/J. Ba.

    Trois décennies que des habitants de Margny-lès-Compiègne se plaignent des nuisances de la casse automobile Brion, installée avenue Raymond-Poincaré, mais officiellement sur le territoire de Clairoix. En juin dernier, une étude de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) leur a donné en partie raison. Une réunion doit se tenir cette semaine, en sous-préfecture, avec les deux communes concernées et l'entreprise.

    Principale inquiétude des habitants : les explosions. En 2015, des riverains en ont recensé seize. Avec des commentaires : « petite » ; « très violente », etc. En 2016, ils en ont compté neuf. « 19 juillet 2016 : très bruyante, avec grosses vibrations ». D'autres Margnotins citent « des poussières qui se collent sur les vitres et les voitures ». Et les nuisances sonores, irrégulières mais très présentes.

    Une motion votée en 2015

    « On s'est battu, mais sans jamais rien obtenir », soupire une femme, ancienne membre d'une association de défense dissoute il y a plusieurs années. En 2004 et 2006, deux incendies survenus sur le site avaient relancé le débat. « Pétition, réunions… Et puis plus rien », affirme un homme. Jusqu'en janvier 2015. Les élus de Margny avaient alors voté une motion contre la casse automobile. « Je continue de penser qu'elle serait mieux ailleurs, souligne Bernard Hellal, le maire (SE). Le site de Continental, c'est peut-être une piste. »

    Déménager ? Aux frais de qui ? L'entreprise ? Trop onéreux. Frédéric Brion, le patron, n'a pas souhaité répondre à nos questions. Le responsable n'a eu de cesse de souligner que sa société, créée en 1961, a précédé les maisons, arrivées dans les années 1970. Les élus de l'époque, qui ont autorisé l'installation d'habitations près d'une zone industrielle, seraient donc responsables. « Ce n'est pas faux, reconnaît un Margnotin. Mais son activité a changé en 1984 avec l'arrivée d'un gros compresseur. »

    Le maire de Clairoix veut préserver les emplois

    Le rapport de la Dreal, remis en juin 2016 à certains propriétaires, est clair. « Les émergences sonores de 8,5 dB sur votre terrain dépassent largement les 3 dB autorisés, écrivent les services de la préfecture. Ces non-conformités permettent de considérer que votre plainte est fondée. » Ainsi, la Dreal a proposé au préfet de l'Oise de « mettre en demeure la société Brion de réduire ces émergences au niveau acceptable ».

    « Sauf qu'il ne s'est toujours rien passé », râle un Margnotin. S'il n'a pu être joint, le maire (SE) de Clairoix, Laurent Portebois, a toujours souligné que Brion avait fait de nombreux efforts au fil des années, investissant des millions dans la protection de ses installations. Et d'évoquer, en 2015, « la cinquantaine d'emplois » et la nécessité de conserver une casse automobile : « S'il faut faire 200 km, on risque de se retrouver avec des carcasses partout. » Le sous-préfet de Compiègne, Ghyslain Chatel, a conscience qu'il ne sera pas facile de mettre tout le monde d'accord : « Un maire se bat pour le maintien d'une société, l'autre pour des habitants… J'espère que tout le monde sera présent et que nous pourrons avancer. »