Moissy-Cramayel : une enseignante du lycée de la Mare Carrée dénonce les menaces du père d’un élève

Y a-t-il un problème au lycée de la Mare Carrée, à Moissy-Cramayel ? Dernier incident en date, la plainte d’une enseignante. Menacée par un parent d’élève en présence du proviseur, c’est à elle qu’il a été demandé de s’éclipser sans faire de vague.

Lycée de la Mare Carrée, Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), samedi 23 mars 2024. Les représentants des enseignants auraient été convoqués la semaine dernière par le rectorat. LP/Sophie Bordier
Lycée de la Mare Carrée, Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), samedi 23 mars 2024. Les représentants des enseignants auraient été convoqués la semaine dernière par le rectorat. LP/Sophie Bordier

    Problèmes récurrents de discipline, d’insolence et de provocation de la part d’une minorité d’élèves qui n’a pas forcément envie de travailler, alors qu’ils sont là pour cela. Le lycée de la Mare Carrée, à Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), est-il si différent des autres ? Impossible à dire. Mais dans cet établissement d’environ 1 300 élèves, des voix s’élèvent contre le manque de sanctions envers ceux qui perturbent fréquemment les cours.

    Dernier épisode en date, début mars : un élève problématique depuis plusieurs années, un cours perturbé par une énième insolence envers la professeure, une convocation dans le bureau du proviseur en présence du père de l’adolescent. Et là, le dérapage, avec un père devenu menaçant envers l’enseignante, à qui l’on demande de s’éclipser discrètement et au plus vite du lycée. Cette dernière est allée, dans la foulée, déposer plainte auprès des forces de l’ordre et s’est mise en arrêt maladie.

    Les parents d’élèves nient tout laxisme

    « Ce n’est pas la première fois que l’on demande à un professeur de partir ainsi discrètement du lycée, témoigne un enseignant sous couvert d’anonymat. Quant à cet élève, il n’y a jamais eu de sanction réelle contre lui. C’est une histoire qui dure. Je suis surpris qu’il soit encore au lycée… » Il se dit « choqué » que l’on ait pu demander à sa collègue de rentrer chez elle en douce. « Cela pose question sur la manière dont sont gérés les problèmes », dit-il, tout en dénonçant « une vraie souffrance des enseignants ».

    En réunion syndicale, le 18 mars, les professeurs présents n’ont pas vraiment voulu s’épancher davantage sur le sujet. « Les collègues ne se sentent pas soutenus », indique-t-on néanmoins au Snes-FSU, le syndicat national des enseignements du second degré, première organisation syndicale des personnels des collèges et des lycées. « Il y a un manque de réactivité et de soutien de la direction quand il y a des faits violents entre élèves ou envers les enseignants. »



    À la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), association majoritaire dans l’enseignement public en Seine-et-Marne, on réfute tout soupçon de laxisme envers le proviseur de la Mare Carrée. « C’est un chef d’établissement juste dans tous les sens du terme et qui fera le nécessaire s’il y a des raisons de le faire, assure Flore Lawin, administratrice départementale de la FCPE 77. Cela dépend aussi de ce que vit l’élève, s’il est dans une situation délicate, et s’il y a une raison d’en rajouter. Dans ce domaine, je lui fais totalement confiance. »

    Un conseil de discipline cette semaine

    Situation familiale compliquée, crise d’adolescence, mal-être… Peut-être s’agit-il des raisons pour lesquelles le proviseur prendrait des pincettes avec les sanctions les plus sévères, par exemple envers cet élève jugé problématique. Nos différents appels semblent toutefois avoir engendré quelques réactions. Ainsi, le mardi 19 mars, les représentants des enseignants du lycée auraient été convoqués en audience au rectorat de l’académie de Créteil (Val-de-Marne).

    À la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN), l’ex-inspection académique, de Seine-et-Marne, on nie toute volonté de mettre ce genre de problèmes sous le tapis. Une sanction devrait justement tomber incessamment en ce qui concerne le fils du père menaçant, élève déjà exclu provisoirement par le passé. « L’enseignante a déposé plainte et cela est encouragé, assure-t-on à la DSDEN. Cette professeure a bien reçu le soutien de son chef d’établissement. Quant à l’élève en question, il va passer cette semaine en conseil de discipline. »

    D’après nos informations, le chef d’établissement a tenté de chercher des solutions par d’autres voies qu’un conseil de discipline. Mais celles-ci n’aboutissant pas à une issue favorable, il ne lui restait plus que le conseil de discipline… et une éventuelle nouvelle exclusion, définitive ou non de l’élève concerné.