Seine-et-Marne: à Moissy-Cramayel, les noms de rue se conjuguent enfin au féminin

Dans le cadre des Journées du patrimoine, la mairie de Moissy-Cramayel a organisé un jeu de piste à travers la ville où avaient été placées des pancartes de rue portant des noms de femmes. Une initiative originale pour mettre en avant des exemples de Françaises inspirantes auprès des habitants et qui ne restera pas sans suite.

Moissy-Cramayel, dimanche. Elisabeth Loyant souhaite déjà reconduire les journées du matrimoine l'année prochaine mais sous une forme différente. LP/Timothée Talbi.
Moissy-Cramayel, dimanche. Elisabeth Loyant souhaite déjà reconduire les journées du matrimoine l'année prochaine mais sous une forme différente. LP/Timothée Talbi.

    Les habitants de Moissy-Cramayel les ont sûrement remarquées au cours du week-end dernier. Seize pancartes bleues ont été accrochées sous certaines plaques de rues à travers la ville. Leur point commun : toutes portaient le nom d’une femme française connue. Durant les Journées du patrimoine, les Moisséens étaient invités à participer à un rallye pour retrouver ces pancartes à l’aide d’une carte fournie par la mairie. Ils devaient ensuite indiquer sur un livret la profession de la personnalité en question : des lots de cadeaux étaient à gagner pour les plus rapides.

    « Mettre en avant le matrimoine »

    L’idée a émergé du cerveau d’Élisabeth Loyant, chargée de mission aux droits des femmes, à l’égalité et à la lutte contre les discriminations au sein de la mairie. « Je voulais qu’on mette en avant le matrimoine pour rééquilibrer l’inconscient collectif et j’ai remarqué qu’il n’y avait qu’une seule rue portant le nom d’une femme (Olympe de Gouges) dans la commune », explique-t-elle. Elle a donc choisi seize personnalités féminines « qui ont marqué leur époque » et a essayé de les faire correspondre avec des homologues masculins : Simone de Beauvoir côtoyait Jean Jaurès, Anatole France a hérité de Marguerite Yourcenar et Gisèle Halimi se mêlait à Condorcet.

    Moissy-Cramayel, dimanche. Parmi les 16 personnalités féminines sélectionnées, certaines étaient déjà bien connues des participants au rallye comme Simone Veil. LP/Timothée Talbi.
    Moissy-Cramayel, dimanche. Parmi les 16 personnalités féminines sélectionnées, certaines étaient déjà bien connues des participants au rallye comme Simone Veil. LP/Timothée Talbi.

    Moisséenne de naissance, Émilie a participé au rallye avec ses trois jeunes enfants durant plus de deux heures. « C’était ludique et amusant pour eux, d’autant plus que certaines pancartes étaient un peu cachées », évoque la mère de famille. Stéphane s’est aussi prêté au jeu de piste en famille, accompagné de sa femme et leurs deux enfants, lesquels ont reconnu certaines femmes éminentes comme Marie Curie ou encore Simone Veil. « On a pu faire des recherches sur les différentes femmes qu’on a croisées, précise-t-il. Les enfants découvrent des figures féminines inspirantes et renforcent leur culture. Pour nous qui vivons ici depuis toujours, ça nous permet de redécouvrir la ville : on joint l’utile à l’agréable. »

    Les noms de rue féminins vont se multiplier

    L’opération de la ville ne restera pas sans suite. « Le thème des journées du matrimoine sera reconduit l’année prochaine mais sous une forme différente », a indiqué Élisabeth Loyant en marge de la remise des récompenses dimanche après-midi dans le hall du cinéma La Rotonde. Lorsqu’une des participantes au rallye demande si des rues vont être renommées en hommage à des femmes, Christophe Soyer, conseiller municipal délégué à l’égalité entre les femmes et les hommes répond : « C’est en projet, on y travaille pour 2022. »

    Moissy-Cramayel, dimanche. Un lieu de la commune pourrait être définitivement baptisé en hommage à Gisèle Halimi dans les prochaines années. LP/Timothée Talbi.
    Moissy-Cramayel, dimanche. Un lieu de la commune pourrait être définitivement baptisé en hommage à Gisèle Halimi dans les prochaines années. LP/Timothée Talbi.

    Une perspective confirmée par la maire elle-même, Line Magne (PS), en poste depuis 2014. « On a récemment fait un inventaire et repéré une dizaine d’endroits qui pourraient porter des noms de femmes d’ici à la fin du mandat, que ce soit des rues, des places ou des parcs », souligne l’édile. Cependant, cette dernière souhaite agir par petites touches et en concertation avec les habitants. « Moissy-Cramayel est une ville qui évolue beaucoup et il y a de plus en plus de nouvelles rues et plus généralement d’endroits à baptiser mais il faut qu’il y ait un sens et que ça ne tombe pas de nulle part, ajoute-t-elle. Par exemple, Gisèle Halimi mériterait d’avoir une place à son nom en raison de son récent décès et du débat autour de sa panthéonisation. »