Violences lors de Nice-OM : minute par minute, le fil d’un match qui a dégénéré

Le derby entre Nice et Marseille a été interrompu après l’envahissement du terrain par les supporters des Aiglons. Retour sur un match qui s’est terminé en pugilat.

    C’était une rencontre attendue, un derby prometteur entre deux équipes portées vers l’attaque, ex aequo avec quatre points à l’issue des deux premières journées de championnat, devant près de 32 000 spectateurs. C’est un tout autre spectacle auquel on aura finalement assisté en cette troisième journée de ligue 1 entre Nice et Marseille. A la 75e minute, le match a été interrompu après plusieurs jets de projectiles qui ont visé les joueurs de l’OM, l’envahissement du terrain par les supporters niçois et plusieurs joueurs blessés. La rencontre sportive a tourné à la foire d’empoigne.

    Des jets de projectiles dès la première mi-temps

    Dès la première période du match, les Marseillais sont visés par des jets de projectiles et les joueurs se quittent à la mi-temps sur un score vierge. A la 49e minute, le jeune attaquant de Nice Kasper Dolberg ouvre le score et vient alors derrière le but de Steve Mandanda saluer le public. Déjà, quelques supporters parviennent jusqu’aux joueurs pour le congratuler… Plusieurs fois lors de cette deuxième période, avant même la 75e minute, Dimitri Payet est visé par des bouteilles en plastique pleines, venant du virage sud, alors qu’il s’apprête à tirer des corners. Le joueur les enlève du terrain, tandis que les stadiers interceptent encore des projectiles, comme on peut le voir sur cette vidéo.

    Le match bascule à la 75e minute

    Alors que le joueur phocéen se replace pour tirer un autre corner, il est alors touché dans le dos par une bouteille en plastique et s’effondre. Il se relève et dans un geste de colère rejette en direction des tribunes les bouteilles qui l’ont visé et s’avance devant les supporters des Aiglons. Mattéo Guendouzi rejoint avec d’autres son coéquipier et semble répondre aux ultras niçois. Une centaine d’entre eux parviennent à franchir le maigre cordon de stadiers et se répandent sur la pelouse. Le défenseur de Marseille Alvaro González tire le ballon, resté au point de corner, dans la tribune.



    Des joueurs niçois, dont le capitaine Dante, tentent de calmer les joueurs marseillais, tandis que les hommes de la sécurité du club arrivent en renfort pour contenir les supporters et venir en aide aux stadiers débordés. C’est une mêlée générale pendant laquelle des coups sont échangés, entre joueurs des deux équipes, supporters, stadiers, et certains membres du staff de Marseille. Le match est interrompu à ce moment-là par Benoît Bastien, l’arbitre de la rencontre.

    90 minutes d’interruption et plusieurs blessés

    Les joueurs niçois sont les premiers à rentrer au vestiaire, suivis des joueurs de l’OM. Près du banc de touche, l’entraîneur de Marseille Jorge Sampaoli ne décolère pas et doit même être retenu par certains joueurs et membres de son staff. Le président de Nice, Jean-Pierre Rivère, va à la rencontre des supporters pour avoir l’assurance qu’en cas de reprise du match, il n’y aurait plus de débordement. Sur les réseaux sociaux, des photos montrent trois joueurs de Marseille, Dimitri Payet, Mattéo Guendouzi et Luan Pérès, blessés.

    Du côté de Nice, certains fustigent l’attitude service de sécurité de l’OM et une vidéo, montrant apparemment un membre du staff de l’entraîneur phocéen frappant violemment un supporter niçois, circule également.

    Les deux équipes divergent quant à l’attitude à adopter. Nice veut continuer le match. « Je sais très bien que le match aurait pu reprendre. J’étais persuadé que cela se passerait très bien. Malheureusement les Marseillais n’ont pas souhaité reprendre le match. Dont acte », confie le président niçois, Jean-Pierre Rivère, en conférence de presse d’après-match.

    « La Ligue (LFP) a décidé de faire reprendre le match. On a décidé pour la sécurité de nos joueurs, qui ont été agressés lors de l’envahissement du terrain, de ne pas reprendre car la sécurité de nos joueurs n’était pas garantie », a expliqué le président de l’OM, Pablo Longoria, dans une vidéo transmise aux médias vers minuit. « L’arbitre était avec nous, il nous a confirmé à Jorge Sampaoli et à moi que la sécurité n’était pas garantie et avait décidé d’arrêter le match », a poursuivi le dirigeant.

    VidéoNice-OM : «Nos joueurs ont été agressés», fustige Pablo Longoria, président du club marseillais

    90 minutes après l’interruption du match, seuls les Niçois reviennent sur la pelouse, ainsi qu’un important dispositif policier placé près des rangs des remplaçants. Les Phocéens refusent de reprendre le match. L’arbitre, constatant le forfait des Marseillais, siffle finalement la fin de la rencontre.

    Une enquête ouverte lundi matin

    Ce lundi matin, une enquête a été ouverte par le parquet de Nice, tandis que les deux clubs seront convoqués mercredi par la commission de discipline de la Ligue de football professionnel. En attendant le match retour qui aura lieu à Marseille le 20 mars prochain, les dirigeants se renvoient la balle quant à la responsabilité des événements. « Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est la réaction de deux joueurs marseillais qui ont rejeté ces bouteilles et d’autres bouteilles sur la tribune de nos supporters », a déclaré Jean-Pierre Rivère en conférence de presse. Il a également accusé le service d’ordre de l’OM d’avoir frappé deux joueurs de Nice.

    Même les politiques s’y sont mis, les maires des deux villes défendant chacun sur Twitter leur équipe tandis que la ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu a dénoncé lundi matin des incidents « intolérables » et a défendu l’attitude des Phocéens de ne pas reprendre le match. Les suites de cette affaire et les possibles sanctions s’annoncent déjà explosives.