Marseille-Barcelone à la nage : un défi fou pour sensibiliser à la pollution par les mégots

L’association Swim For Change organise une vaste journée de mobilisation ce samedi à Marseille. Objectif : battre le record des 850 000 mégots ramassés en mai 2021 à Paris. Après, il sera temps de nager de Marseille à Barcelone pour sensibiliser à cette pollution peu médiatisée.

Hadrien Jacomino, Chloé Léger, Louise Pasquet, Matthieu Witvoet et Lucas Witvoet (de g. à d.) se relaieront pendant une douzaine de jours à la nage entre Marseille et Barcelone. DR
Hadrien Jacomino, Chloé Léger, Louise Pasquet, Matthieu Witvoet et Lucas Witvoet (de g. à d.) se relaieront pendant une douzaine de jours à la nage entre Marseille et Barcelone. DR

    À vos marques… Prêts ? Ramassez ! Ce samedi 3 juin, l’association Swim For Change propose une journée de sensibilisation à Marseille. Dans onze quartiers de la ville, 1 500 bénévoles sont attendues pour battre le record de 850 000 mégots ramassés en mai 2021 à Paris. « On voudrait cette fois atteindre la barre du million, explique Matthieu Witvoet, l’un des membres de l’association. Évidemment, c’est un triste record, en réalité. Nous, on préfère mettre l’accent sur le nombre de personnes mobilisées. On espère être 1 500 à venir relever ce défi. »

    Toujours dans l’esprit de vouloir sensibiliser à cette pollution, cinq membres de l’association partiront ensuite dans l’après-midi pour un périple à la nage de Marseille jusqu’à Barcelone, soit plus de 500 km. Outre Matthieu, Chloé Léger, Louise Pasquet, Lucas Witvoet et Hadrien Jacomino se relaieront pendant une douzaine de jours. « On alternera une heure trente de nage et six heures de repos », explique Louise Pasquet.

    Ce n’est pas la première fois que Matthieu propose un périple qui allie défi sportif et cause environnementale. Depuis six ans, c’est même son moteur. En 2017, Mathieu, ce jeune homme de 29 ans, né au Mexique mais qui a fait ses études à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), a entamé un tour du monde à vélo pour sensibiliser à la pollution des déchets plastiques. Il a ensuite enchaîné avec la traversée du lac Titicaca avec les deux nageurs, Théo Curin et Malia Metella. Il était aussi présent en 2021 avec la descente de la Seine entre Paris et Deauville ou encore la traversée du détroit de Gibraltar.

    « J’étais à la recherche de quelque chose qui avait du sens »

    « Je suis un passionné de sports et d’aventures, explique Matthieu. Mon tour du monde à vélo d’un an a été un voyage initiatique assez puissant. En rentrant, j’ai eu envie de continuer à faire ça. Je trouve aussi que c’est une façon assez incroyable d’ouvrir les portes sur des gens qui ne sont pas sensibilisés sur le sujet. Quand on va dans une école, si je parle d’écologie, ça ne les intéresse pas trop. Si je parle d’éléphants, de Tanzanie, du guerrier massaï, j’ouvre l’imaginaire et derrière ça les rendre plus réceptifs à tous les messages qu’on veut faire passer. »

    Une journée de sensibilisation avaient été déjà organisée en mai 2021 à Paris au cours de laquelle 850 000 mégots avaient été ramassés.
    Une journée de sensibilisation avaient été déjà organisée en mai 2021 à Paris au cours de laquelle 850 000 mégots avaient été ramassés. SEBASTIEN FERRARO

    Dans son sillage, Matthieu a entraîné avec lui, Hadrien, qui n’était pas sportif à la base. « J’ai toujours aimé les grands espaces, raconte ce Parisien d’origine de 32 ans. J’ai commencé par le marathon puis des triathlons. J’ai jamais nagé de ma vie et j’ai commencé il y a trois ans. J’ai un peu galéré au début. J’avais jamais nagé plus de 500 m en crawl et là je pars pour un périple de 500 km ! Pour moi, cette aventure, c’est un peu l’inconnu. Il y a déjà les conditions météo en mer Méditerranée, qui peuvent être compliquées. Il y a aussi les méduses qui peuvent être un point d’interrogation. Et après, ça reste un effort sur douze jours, c’est plus que de l’endurance. On ne sait pas trop comment réagissent le corps et la tête. Et il y a toujours les imprévues… »

    Allier « sport et environnement, ça a tout de suite résonné en moi »

    Pour Louise Pasquet, la plus jeune de groupe, l’eau n’est pas un élément inconnu. « J’ai été athlète de haut niveau en natation synchronisée, explique la jeune femme de 22 ans. En arrêtant, je me suis mise au triathlon puis vers des épreuves longue distance. J’étais à la recherche de quelque chose qui avait du sens. Quand on m’a proposé ce défi qui alliait sport et environnement, ça a tout de suite résonné en moi. »



    Louise est heureuse aussi de s’adresser aux plus jeunes : « On essaie de toucher le plus grand nombre mais surtout les plus jeunes pour les sensibiliser le plus tôt à l’écologie. On a été dans une trentaine d’écoles où on propose des kits pédagogiques. On place l’élève comme s’il était le capitaine d’un navire et il navigue sur une quinzaine de thématiques comme les maths, le français auxquelles on associe toujours l’écologie. »

    Ce samedi, Louise et ses amis toucheront un public nettement plus large. Le hasard faisant bien les choses, neuf autres villes françaises (Paris, Rennes, Montpellier, Bordeaux, Lyon, Nantes, La Rochelle, Caen, Toulouse) proposeront aussi une action appelée « Megothon » organisé par le youtubeur Inoxtag en collaboration avec plusieurs associations. « On est venus se greffer à cette opération, conclut Louise. En tout, on espère avoir 4 500 bénévoles sur ces dix villes pour la collecte. Ce qui serait du jamais-vu. »