« Les gens aiment notre jeu » : malgré la défaite contre l’Angleterre, les Bleues plus populaires que jamais

Battues par les Anglaises à Bordeaux, les Bleues ont perdu le Tournoi des Six Nations 2024, mais ont gagné un public bruyant et totalement acquis à leur cause.

Le public exulte après le 3e essai français, inscrit par Marine Ménager. (Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
Le public exulte après le 3e essai français, inscrit par Marine Ménager. (Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP)

    Les 28 023 spectateurs du stade Chaban-Delmas de Bordeaux n’auront pas suffi. Ce public de connaisseur, habitué à applaudir les exploits de l’Union Bordeaux-Bègles, a pourtant tout donné. Avec une Marseillaise vibrante, à laquelle la présence de la fille de la talonneuse Agathe Sochat dans ses bras a ajouté une émotion supplémentaire, et des éclats de voix à chaque percée offensive, les fans, plus nombreux que jamais pour un match de rugby féminin en France, ont fait le match parfait. Les Bleues ont, elles, failli en première mi-temps, et se sont inclinées face à leurs éternelles rivales anglaises (21-42).

    La victoire était pourtant envisageable. Les larmes de Manae Feleu et des sœurs Ménagers au coup de sifflet final ont d’ailleurs traduit cet espoir que les Bleues chérissaient. Impériales depuis le début de ce Tournoi des Six Nations 2024, elles sentaient qu’il était peut-être l’heure de reprendre le trophée après six ans d’attente, et de battre enfin l’Angleterre après 12 « Crunchs » consécutifs perdus. Ce ne sera pas pour cette année.

    « On a senti la force du 16e homme »

    Les 28 023 spectateurs avaient pourtant rempli leurs rôles. Bruyants, ils n’ont cessé d’encourager leurs joueuses, surtout lorsqu’elles se sont retrouvées à 14 en début de deuxième mi-temps, après le carton rouge d’Assia Khalfaoui. « On a senti la force du 16e homme, ça nous a vraiment poussées, assurait Charlotte Escudero après la rencontre. Quand on est dans le feu de l’action, on ne l’entend pas forcément mais quand ce sont les copines, ça marque. Et ça donne envie de le faire aussi, et même davantage. »

    Même si on est encore loin de l’Angleterre-France de l’an dernier, où 58 498 spectateurs s’étaient massés dans l’antre de Twickenham pour assister au sacre des Red Roses, cette rencontre reste une belle publicité pour la discipline. Entre un jeu alléchant, des essais en cascade et un public en voix, tout était réuni pour créer l’engouement, et le faire persister pour les prochaines années.

    « Ça fait toujours plaisir de voir un public aussi large parce qu’on ne joue pas que pour nous, mais aussi pour les supporters, souriait Manae Feleu en conférence de presse malgré le revers. Cela prouve que les gens aiment ce qu’on produit, notre jeu, et ça nous encourage à continuer à travailler pour jouer ces gros matchs-là. Battre ce record est très important pour la croissance du rugby féminin. »

    « Notre projet avance bien »

    Il manque toutefois encore un ingrédient pour que la fête soit totale : le trophée. Battues pour la quatrième fois en quatre ans lors de la finale du Tournoi des Six Nations, les Bleues ne parviennent pas à dompter cette équipe anglaise, encore bien trop puissante ce samedi. En première mi-temps, les percussions des avants des Red Roses ont dépassé les Françaises, incapables de riposter. La deuxième période fut bien plus équilibrée, et offrira des enseignements précieux au staff tricolore.

    « On a gagné bien plus que ce que l’on pense sur l’ensemble de ce Tournoi, assurait en conférence de presse Gaëlle Mignot, la coach du XV de France féminin. Les filles prennent conscience que c’est possible. Les premiers mots sur le terrain ont été qu’on allait travailler fort sur les petits détails et qu’on n’allait rien lâcher. »

    Des petits détails cruciaux mis en lumière par Romane Ménager. « On a parfois envie de trop jouer, on pêche un peu sur ça, a souligné la troisième ligne. Ça a été notre défaut pendant le tournoi et ça s’est transcrit aujourd’hui. On essaye de sortir de notre camp mais on fait des fautes chez nous et face à cette équipe-là, on le paye. Tous ces détails mis bout à bout nous coûtent cher, on va continuer à progresser là-dessus ».

    L’autre entraîneur du XV de France féminin, David Ortiz, voyait, lui, des signaux très positifs malgré la défaite et la déception. « On est convaincu à 200 % qu’on est sur le bon chemin, a-t-il affirmé. On avait des intentions, on l’a montré encore aujourd’hui. Si on a plus de maîtrise à quelques moments clés, le résultat n’est pas du tout le même. On a un groupe de joueuses avec des qualités énormes, notre projet avance bien. » Un projet qui doit mener jusqu’à l’été 2025, avec un Mondial très attendu… en Angleterre.