Yvelines : la vierge revient à Houdan 46 ans après avoir été volée

Durant la nuit du 12 ou 13 octobre 1973, cinq sculptures en bois datant du XVIe et du XVIIIe siècle avaient été dérobées. Seule « Sainte-Anne et la Vierge » a pu être retrouvée.

 Statue volée en 1973 à l’église de Houdan
Statue volée en 1973 à l’église de Houdan DR

    Quarante-six ans après avoir été volée à Houdan, une statue représentant Sainte-Anne et la Vierge va retrouver sa place dans son église. Début janvier, Eurojust, un organisme qui vise à renforcer la coopération pour lutter contre la criminalité organisée dans l'Union européenne, a prévenu le parquet de Versailles que cette œuvre d'art religieux du XVIe siècle, désignée comme « un trésor national » est actuellement à Mannheim (Allemagne) à la disposition des autorités françaises. « Le ministère de la Culture doit prendre contact avec le maire Jean-Marie Tetart (LR) afin d'organiser le retour et la restitution officielle de cet objet dans son église », précise une source proche du dossier.

    Mise à prix 6 000 € lors d'une vente aux enchères en Allemagne

    Cette étonnante histoire remonte à la nuit du 12 ou 13 octobre 1973. Un ou des malfaiteurs parviennent à se glisser en l'Eglise Saint-Jacques le majeur de Houdan, sans grande difficulté. Les voleurs font main basse sur cinq sculptures en bois datant du XVIe et du XVIIIe siècle. « Ce sont toutes des œuvres religieuses qui représentent des saints », explique la même source. A l'époque, le préfet dépose une plainte auprès du parquet de Versailles. Les gendarmes sont chargés de mener l'enquête. Mais durant de longues années, ils ne trouvent aucune trace de Sainte-Anne, de Sainte-Barbe ou de Saint-Laurent, Jean ou Mathieu.

    L’église Saint-Jacques le majeur de Houdan. GOOGLE STREET VIEW
    L’église Saint-Jacques le majeur de Houdan. GOOGLE STREET VIEW DR

    En décembre 2012, un espoir renaît lorsque les militaires de Rosny-sous-Bois qui travaillent au sein du groupe « objets d'art », chargé d'identifier les objets volés de nature artistique, d'antiquité ou de brocante, lisent La gazette de Drouot, un magazine de ventes aux enchères. Ils découvrent que la statue de Sainte-Anne et la vierge, d'une hauteur de 94 cm en bois polychrome, sera mise en vente aux enchères le 8 décembre par une salle des ventes qui a pignon sur rue à Heidelberg (Allemagne) pour un prix de départ de 6 000 €.

    « C'est une mauvaise nouvelle pour les pilleurs d'églises, qui savent leur action compromise par la vigilance de tous »

    Durant cette même année, le parquet de Versailles fait une demande d'entraide pénale. Interpol et la police allemande mènent l'enquête. Mais les investigations ne permettent que d'identifier des vendeurs et acheteurs de bonne foi qui ne sont pas poursuivis. La statue a été saisie par la justice allemande et dort dans un placard outre-Rhin. En 2015, le ministère de la Culture relance le dossier avec l'aide d'Eurojust et trois ans plus tard, cette restitution est enfin possible, à la grande satisfaction de Pierre Bothuan, curé du groupement paroissial de Houdan : « Je suis très heureux de la pugnacité de la police et de la commune qui ont œuvré pour que cette œuvre puisse retrouver son lieu naturel, l'église de Houdan. Il est heureux que les églises soient toujours plus ouvertes pour que chacun puisse contempler leur riche patrimoine. C'est une mauvaise nouvelle pour les pilleurs d'églises et de tous poils, qui savent leur action compromise par la vigilance de tous. »

    Le maire Jean-Marie Tetart, contacté ce mercredi, n'était pas en mesure d'apporter de précisions. Mais ses services précisent qu'ils sont confrontés à une difficulté : la statue a changé de place en Allemagne et les fonctionnaires de la mairie ne savent pas encore où elle se trouve… Ultime anicroche pour cette statue voyageuse, qui devrait retrouver prochainement sa place en l'église Saint-Jacques le majeur.

    UNE HISTOIRE SIMILAIRE DANS LE VAL-D'OISE

    De troublantes similitudes. Une statue de Saint-Christophe en bois, volée dans l'église de Cergy-Village, à Cergy (Val-d'Oise) en novembre 1973, a refait surface en octobre dernier. L'œuvre avait été repérée à Francfort (Allemagne) alors qu'elle allait être vendue.

    Conservateur des antiquités et objets d'art pour le département du Val-d'Oise, Christian Olivereau s'était chargé l'année dernière de la rapatrier. « Le monsieur qui l'avait la tenait de son père », rapporte-t-il. Il a fourni une facture d'un antiquaire qui atteste de la vente en 1975. Afin d'indemniser le propriétaire, le ministère de la Culture a mis la main au portefeuille : 5 000 €, auxquels la ville a ajouté 2 900 €.