Les risques des PFAS pour votre santé
Que sont les PFAS et en quoi posent-ils problème ?
Les PFAS (abréviation de perfluoroalkyl et polyfluoroalkyl) sont des composés chimiques fabriqués par l'homme. Notamment hydrofuges (qui protège de l’eau et de l’humidité) et hydrophobes (que l'eau ne mouille pas), ils sont dotés de plusieurs propriétés utiles qui expliquent leur présence dans de nombreux produits de la vie courante, tels que les poêles antiadhésives, les bottes et les cosmétiques, mais aussi dans les mousses d'extinction d'incendie, les batteries et les panneaux solaires.
L'inquiétude croissante que suscitent les PFAS tient à leur persistance dans l'environnement et à leur impact sur la santé humaine. Composés de fluor et de carbone, ils sont pratiquement non dégradables dans la nature, c'est pourquoi on les qualifie souvent de "polluants éternels".
Comment les PFAS se retrouvent-ils dans l'environnement ?
Lors de leur production, des PFAS peuvent se libérer dans l'air, le sol et les eaux souterraines, et polluer ainsi l'environnement. C’est également le cas lors de leur application dans diverses industries et lors de l’utilisation de mousses ignifuges (anti-incendie).
Comment les PFAS se répandent-ils dans l'environnement ?
- Les PFAS peuvent pénétrer à travers le sol dans les eaux souterraines et se répandre dans l'environnement jusqu’à se retrouver dans les cultures agricoles, dans les aliments pour animaux et, finalement, dans la chaîne alimentaire.
- Par le biais des rejets d'eaux usées industrielles dans les rivières et les canaux, ils sont aussi susceptibles de contaminer notre eau potable et d’être transportés vers les mers et les océans, où ils sont absorbés par les poissons, les crustacés et les mollusques, pour finir, une fois encore, dans notre alimentation.
- Les PFAS peuvent également se répandre dans l'air et retomber sur le sol ou dans les eaux de surface sous forme de précipitations.
- Enfin, les opérations de terrassement et de dragage dans les zones contaminées peuvent également être des sources de propagation des PFAS.
Comment sommes-nous exposés aux PFAS ?
Les PFAS sont omniprésents. La plupart d’entre eux pénètrent dans notre organisme par le biais de l'eau du robinet contaminée et de la nourriture, principalement le poisson et les crustacés, mais aussi les œufs et la viande. Nous absorbons également des PFAS en utilisant des poêles dont le revêtement antiadhésif est endommagé et en consommant des boissons et de la nourriture (principalement de la restauration rapide) dans des récipients en carton destinés à la vente à emporter.
Nous sommes aussi susceptibles d’inhaler des PFAS. Par exemple via :
- Des particules de poussière provenant de sols contaminés ou de moquettes et meubles traités aux PFAS.
- De l’air contaminé aux abords d’industries.
Enfin, les PFAS sont transmis au fœtus par le cordon ombilical et aux bébés par le lait maternel. Les enfants peuvent, quant à eux, ingérer des particules de poussière contaminées lorsqu'ils portent des objets à la bouche.
Dans une moindre mesure, les PFAS peuvent également pénétrer dans notre corps par contact prolongé avec la peau.
Quels sont les effets des PFAS sur la santé ?
Par le biais de notre alimentation, de l'eau, de l'air et de la poussière, nous sommes exposés chaque jour à un mélange toxique de perturbateurs endocriniens, dont les PFAS.
La dégradation très lente des PFAS dans l'organisme
Le problème des PFAS, c’est qu'ils s'accumulent régulièrement dans l'organisme, ce qui constitue une menace pour la santé.
En effet, il n'existe pas de traitement permettant d'éliminer leur présence dans le corps humain. Ils peuvent disparaître naturellement, mais cela prend énormément de temps : les concentrations ne diminuent que de moitié tous les dix ans.
La difficile évaluation des risques des PFAS pour la santé
Il est actuellement difficile d'évaluer avec certitude le risque global des PFAS pour la santé, car il s'agit d'une famille de composés chimiques très vaste et très diversifiée, dont chacun peut avoir des effets différents sur la santé.
Ils ont tendance à être présents dans l'environnement à des concentrations plus faibles que celles étudiées en laboratoire, mais pendant des périodes beaucoup plus longues, ce qui entraîne une exposition chronique.
Dans la nature, les PFAS sont également mélangés à une multitude d'autres polluants. Cet « effet cocktail » a fait l'objet de très peu de recherches.
Les recherches sur la dangerosité des PFAS
Les connaissances sur les PFAS sont limitées, mais des recherches intensives sont en cours. Les études déjà réalisées montrent qu'une exposition chronique aux PFAS peut entraîner une perturbation des niveaux d'hormones, de la reproduction et de la croissance, un affaiblissement du système immunitaire et une réduction de la réponse immunitaire aux vaccins. Elle peut également perturber les fonctions hépatiques et pulmonaires.
En outre, des niveaux élevés de certaines PFAS sont associés à une augmentation du cholestérol et à certains types de cancer tels que le cancer du rein et le cancer des testicules.
Les effets des PFAS sur la santé dépendent du type de PFAS, du niveau d'exposition, de la durée d'exposition et de la sensibilité individuelle. Les bébés, les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes ou qui allaitent et les personnes dont l'immunité est réduite sont plus vulnérables à l'exposition aux PFAS.
Certains PFAS, notamment le PFOA et le PFOS, figurent sur la liste des substances cancérigènes présumées et sont donc déjà interdits. Mais il existe des milliers d'autres PFAS couramment utilisés dont l'impact exact sur la santé est encore trop peu connu.
La difficulté réside également dans le fait que les effets des PFAS sur la santé ne se manifestent pas immédiatement, comme dans c’est le cas lors d'un empoisonnement.
Les effets des PFAS sur la santé
Vous trouverez ci-dessous les effets avérés et potentiels des PFAS sur la santé des adultes et des bébés à naître.
© Agence européenne pour l’Environnement
Le lien entre les PFAS et les maladies
Aujourd'hui, nous avons tous des PFAS dans le sang. Malheureusement, à part dans les zones où les concentrations sont extrêmement élevées, il est difficile d'établir un lien entre la présence de PFAS dans le sang et une maladie ou un problème de santé existant. Ils font partie du cocktail chimique auquel nous sommes tous exposés et il est pratiquement impossible d'établir un lien de causalité entre chacun d'entre eux et une maladie spécifique.
Par conséquent, un test sanguin ne vous sera d'aucune utilité : il ne vous permettra pas de savoir de quelles sources de pollution provient chaque PFAS détecté dans votre corps, ni quels sont les effets de cette contamination sur votre santé.
Un test sanguin n'a de sens que pour les personnes vivant dans une région connue pour être fortement contaminée par les PFAS. C’est ainsi que la Région flamande propose un test sanguin gratuit aux personnes vivant à proximité de l'usine 3M de Zwijndrecht. Vous pouvez vous inscrire en ligne sur ce site.
Réglementation et politique concernant les PFAS
Réglementation et restrictions actuelles
En 2009, seuls 4 PFAS ont été réglementés ou interdits au niveau international.
Toutefois, certaines mesures ont déjà été prises au niveau européen et belge pour restreindre la production et l'utilisation des PFAS :
- Il existe des normes pour les concentrations de PFAS dans l'eau potable et dans les œufs, la viande, les crustacés et le poisson.
- Il existe une recommandation européenne concernant la dose hebdomadaire maximale tolérable (DHT) de PFAS dans l'organisme.
- En ce qui concerne les PFAS dans les emballages alimentaires, il n'existe pour l'instant qu'une directive européenne fixant des valeurs-limites, et aucune réglementation nationale contraignante.
En savoir plus sur la législation relative aux PFAS
Initiatives pour lutter contre la contamination par les PFAS
À notre avis – et à celui de nombreux experts–, les réglementations actuelles sont inadéquates et beaucoup trop laxistes. Elles ne permettent pas de contenir, et encore moins d’arrêter, l'accumulation des PFAS dans l'environnement et les organismes vivants.
Des mesures politiques plus ambitieuses sont nécessaires : des normes de rejet plus strictes pour les PFAS dans les permis environnementaux des industries utilisant des PFAS, des valeurs limites plus sévères pour les PFAS dans l'eau et le sol, et le financement de la recherche scientifique sur les effets des nombreux PFAS sur la santé.
Au niveau européen, des efforts sont en cours pour interdire la production et l'utilisation des PFAS, mais ils se heurtent à l'opposition des géants de la chimie. Les conséquences d’une telle interdiction seraient, en effet, considérables. En raison de leurs propriétés exceptionnelles, les PFAS sont devenus indispensables dans de nombreux secteurs et produits, ce qui signifie qu'il faut trouver des substituts et que ceux-ci doivent réduire de manière efficace les effets nocifs sur la santé.
Comment réduire l'exposition aux PFAS ?
Conseils pour réduire l'exposition aux PFAS
Par mesure de précaution, il est recommandé d'éviter autant que possible l'exposition aux PFAS. Ceci est particulièrement important pendant la grossesse et pour les bébés, les enfants et les adolescents.
En appliquant les mesures simples ci-dessous, vous réduirez votre exposition aux PFAS :
DIAPORAMA CANVA
Plus de conseils pour réduire l'exposition aux PFAS
Précautions particulières dans les zones à forte concentration en PFAS
Si vous habitez dans une zone à risque, c'est-à-dire dans un rayon de 100 mètres autour de l'usine 3M de Zwijndrecht, il est préférable de prendre les précautions suivantes :
- Ne mangez pas d'œufs de vos propres poules.
- Ne consommez pas trop de viande, de poisson ou de moules produits localement.
- Les personnes vulnérables, telles que les enfants de moins de 12 ans, les personnes dont le système immunitaire est affaibli et les femmes enceintes ou allaitantes, sont également invitées à ne pas consommer de fruits et de légumes cultivés à la maison.
- Pour les adultes en bonne santé, il est particulièrement important d'adopter une alimentation variée, en suivant les conseils de la pyramide alimentaire, et d'alterner les aliments du potager avec ceux du magasin.
- Il est préférable de ne pas utiliser l'eau de la nappe phréatique ou du puits pour la boisson, l'arrosage du potager ou le remplissage d'une piscine.
- Ne compostez pas les déchets verts de votre propre jardin, mais apportez-les à la déchetterie.
Pour plus d'informations, consultez la liste complète des mesures de précaution de la Région flamande (en néerlandais).
Le PFOA et le PFOS ont également été produits sur le site de Chemours et Dupont de Nemours à Malines, et il existe un risque de contamination du sol et des eaux souterraines. Si vous habitez dans cette zone, il est recommandé d'appliquer également les mesures de précaution.