Eurovision 2024 : la participation d’Israël en question après le refus d’une chanson pour raisons politiques

La télévision publique israélienne Kan a annoncé ce mercredi que la chanson « October Rain », que le pays a soumis à l’UER pour approbation, avait été retoquée par l’institution en charge d’organiser le concours. La Kan se refuse pour le moment à toute modification.

Noa Kirel, la représentante israélienne à l'Eurovision 2023, avait terminé troisième. Son pays ne sera peut-être pas présent en 2024. Peter Kneffel/dpa/Icon sport
Noa Kirel, la représentante israélienne à l'Eurovision 2023, avait terminé troisième. Son pays ne sera peut-être pas présent en 2024. Peter Kneffel/dpa/Icon sport

    Participera, ne participera pas ? La perspective d’une chanson pour représenter Israël à l’Eurovision 2024 s’éloigne ce mercredi 21 février après que l’Union européenne de radiotélévision (UER) a retoqué la chanson initialement proposée par la Kan, la télévision publique israélienne.

    Le pays, qui a sélectionné début février sa représentante Eden Golan via un télé-crochet, avait annoncé le 12 février vouloir participer avec une chanson « reflétant la situation actuelle du pays », en guerre contre le Hamas depuis les attaques du 7 octobre. Cette annonce avait causé de nombreuses critiques, car le concours interdit le recours aux messages politiques dans les textes des chansons participantes.

    « Aucune intention de remplacer la chanson »

    Dans un article publié sur son site Internet, la Kan a confirmé ce mercredi que la chanson « October Rain » (« La pluie d’octobre ») avait bien été refusée par le comité de l’UER en charge de vérifier la conformité des textes. Chacune des chansons participantes doit être validée, mais cela n’est souvent qu’une formalité.

    La Kan affirme être « en dialogue avec l’UER » à ce sujet, mais n’a « aucune intention de remplacer la chanson ». En cas de désaccord, « Israël ne pourra pas participer au concours » organisé à Malmö (Suède) en mai, rappelle la Kan, qui envisage sérieusement cette possibilité.



    Le ministre israélien de la Culture a très vite réagi à cette nouvelle : « L’intention de l’UER de disqualifier la chanson israélienne à l’Eurovision est scandaleuse. C’est une chanson émouvante qui exprime les sentiments du peuple et du pays d’aujourd’hui et n’est pas politique. J’appelle l’UER à continuer d’agir de manière professionnelle et neutre et à ne pas laisser la politique influencer l’art », a insisté Miki Zohar.

    Israël n’est cependant pas une exception : plusieurs pays ont déjà dû par le passé modifier leur titre ou leur texte afin de se mettre en conformité avec les règles édictées par l’UER qui interdisent les textes mentionnant des marques ou des messages politiques. En cas de refus, certains ont préféré se retirer de la grand-messe de la chanson européenne.

    Le précédent de la Biélorussie en 2021

    Un tel cas s’est déjà produit en 2021 avec la Biélorussie qui avait été sommée de changer le texte de « Ya nauchu tebya » du groupe Galasy ZMesta, une chanson que l’UER a jugée en faveur du gouvernement d’Aleksandr Lukachenko alors que de larges manifestations avaient éclaté après sa réélection à l’été 2020.

    Le groupe et la télévision biélorusse avaient proposé une autre chanson à la place, encore une fois retoquée par l’UER en raison de paroles jugées politiques. Faute d’accord trouvé dans le délai prévu pour l’organisation du concours, le pays n’avait pas participé à l’édition 2021, avant d’être exclu en 2022 en raison du soutien à l’invasion russe en Ukraine.