Au Salon de l’agriculture, l’alcool coule parfois un peu trop à flots

Depuis plusieurs jours, des visiteurs trop alcoolisés perturbent la bonne tenue de l’événement de la Porte de Versailles à Paris. Les organisateurs sont sur leurs gardes pour s’assurer un dernier week-end serein.

    Quand 11 heures sonnent au pavillon 3 du Salon international de l’agriculture à Paris (XVe), celui des produits et saveurs de France, les foules se pressent aux différents stands pour se restaurer. Les bars à huîtres bretonnes sont bondés, les choucroutes garnies embaument les allées dédiées au Grand-Est. Dans le brouhaha des milliers de visiteurs, pendant que chacun découvre ce que les régions ont de meilleur à offrir, les haut-parleurs diffusent une annonce qui rappelle de boire avec modération.

    Vers midi, alors que plusieurs tournées ont déjà été servies, un groupe d’amis, la vingtaine, tout droit venu du Pays basque, est attablé autour de bières artisanales. Chacun porte un foulard avec la photo de son voisin et un message : « Si j’ai trop bu, ramenez-moi vers lui. »

    « Quand je suis bourré, je prends les gens dans mes bras ! »

    Coiffés de leur béret, Alexis et Maxime, haut-savoyards de 25 et 26 ans, ont « lancé l’apéro depuis un moment ». Un peu plus loin, Rémi, trentenaire franc-comtois, a prévu de fêter dignement des retrouvailles avec des amis venus d’un peu partout en France. Selon lui, pas d’inquiétude à avoir concernant l’alcool. « Quand je suis bourré, je prends les gens dans mes bras ! » Marie, qui l’accompagne, est moins confiante et avertit d’un ton à moitié ironique : « Suivez-le et dans quelques heures, vous aurez des faits divers à raconter… »



    Le dernier week-end d’exposition commence ce samedi, et les organisateurs redoutent des perturbations liées à une consommation excessive d’alcool, d’autant que la manifestation attire un public familial et des animaux craintifs. Un agent de sécurité croisé dans une allée témoigne : « On nous a demandé d’être très vigilants sur ces deux derniers jours, surtout après les problèmes qu’on a eus le week-end dernier. »

    Une brigade de « désoiffeurs »

    Arnaud Lemoine, directeur du Centre national des expositions et concours agricoles, qui organise le Salon, ne le nie pas. « On a constaté des excès en hausse sur le premier week-end. » Pour faire face, outre le doublement des effectifs de sécurité, il met en avant une mesure plus originale : les « désoiffeurs ».

    Ce sont des agents chargés d’identifier les personnes trop alcoolisées, de les réhydrater puis de les raisonner pour éviter d’aller trop loin.

    Les organisateurs ont aussi responsabilisé les exposants qui vendent de l’alcool, ce qui va de soi pour Régis, un brasseur de Lorraine : « Ce n’est clairement pas notre but de soûler une viande déjà soûle. » Mathieu, qui représente une distillerie de whiskey près d’Albi, regrette ces comportements, car « ce n’est pas l’esprit du Salon. On préfère discuter avec des gens qui s’intéressent à nos produits plutôt que demander à ceux qui enchaînent les verres d’aller voir ailleurs ».



    Difficile de leur donner tort. Au moment de dresser le portrait-robot du fauteur de troubles alcoolisé, Arnaud Lemoine se refuse à parler de profil type mais reconnaît que, le plus souvent, il a « moins de 30 ans ».

    Nos deux exposants sont plus prompts à décrire « ceux qui viennent gâcher le Salon ». « On les repère vite, ce sont des groupes de jeunes, parfois des étudiants qui viennent faire la fête. » Avant de tempérer leur analyse, précisant que l’ambiance festive de la plus grande ferme de France a toujours donné lieu à « quelques abus ».