Elections européennes : le nouveau vote sanction des Britanniques

Les résultats au Royaume-Uni, encore partiels tôt ce lundi matin, montrent une tendance claire : la victoire du populiste Brexit party, loin devant les partis de gouvernement, plombés par leurs divisions sur la sortie de l’UE.

 Le leader du Brexit Party Nigel Farage avait un large sourire, dimanche 26 mai, après la publication des premiers résultats.
Le leader du Brexit Party Nigel Farage avait un large sourire, dimanche 26 mai, après la publication des premiers résultats. REUTERS/Hannah McKay

    « J'espère être le député européen qui siégera le moins longtemps de l'histoire ». Cette boutade, le jour du vote, de Nigel Farage, ex-dirigeant du parti d'extrême-droite Ukip et fondateur du Brexit party, résume le paradoxe de ces élections européennes au Royaume-Uni. Trois ans après avoir voté pour sortir de l'UE, les Britanniques ont dû se rendre aux urnes pour élire 73 députés qui ne siégeront peut-être que quelques semaines, jusqu'au 31 octobre si Londres se tient à la date annoncée du divorce. Et on n'en est pas à un paradoxe près : les Britanniques ont voté plus nombreux même que lors du scrutin de 2014, où la participation s'élevait à 35 %.

    Mais les résultats disent leur colère face à la gestion du Brexit et aux atermoiements des deux grands partis de gouvernement, travaillistes et conservateurs. Tard dimanche, la défaite de la majorité conservatrice s'annonçait cinglante. Ce lundi matin à 7 heures, les Tories totalisaient seulement 8,7 %. Conséquence des fractures sur la sortie de l'UE, des erreurs de la première ministre, des blocages au Parlement, avec cet accord sur le Brexit jamais adopté?

    Le parti travailliste, pris dans la même ambiguïté, perd du terrain à 14 %. Ses fiefs de Sunderland et de Leeds donnent leurs voix à Nigel Farage, le grand vainqueur avec 31,7 %, ce lundi matin. Les travaillistes arrivent même troisièmes derrière les Libéraux Démocrates. Les « lib-dem » et leur slogan « bollocks to Brexit » (Brexit mon c…) font une percée à 18,5 %.

    Le « no-deal » devient de plus en plus crédible

    Les résultats confirment les projections qui donnaient en tête le Brexit party, formation lancée comme une fusée il y a six semaines et devenue favorite des sondages par le charisme de son dirigeant Nigel Farage. Le parti dépourvu de programme et consacré uniquement à la sortie de l'UE, se taille la part du lion. Le résultat des européennes risque de peser lourd sur la politique nationale, et la course à la succession de Theresa May, après la démission de la première ministre.

    Depuis jeudi, les candidatures se multiplient au sein du parti conservateur, et le bon score du parti de Nigel Farage pourrait pousser les candidats vers plus d'intransigeance sur la sortie de l'Union. Le favori, Boris Johnson, ex-maire de Londres, assure déjà qu'il veut quitter l'UE le 31 octobre prochain « avec ou sans accord ». Cette perspective de « no-deal » devient de plus en plus crédible avec l'ombre portée du Brexit party. Ce qui faisait dire dimanche à Nigel Farage qu'il était maintenant « un faiseur de roi ».

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