Européennes : à Milan, Salvini concentre la lumière

Le rassemblement populiste de ce samedi en Italie, auquel participait Marine Le Pen, a été gâché par un scandale en Autriche.

 Ce samedi, après s’être félicité de sa ferme politique migratoire, Matteo Salvini a pris un bain de foule, au milieu de banderoles et t-shirts à son effigie.
Ce samedi, après s’être félicité de sa ferme politique migratoire, Matteo Salvini a pris un bain de foule, au milieu de banderoles et t-shirts à son effigie. Reuters

    À une semaine des européennes, le rassemblement de douze partis européens à Milan, ce samedi, devait être une démonstration de force des populistes. Mais la fête, organisée par la Lega de Matteo Salvini, a été un peu gâchée.

    Pas seulement par la pluie mais aussi par le scandale qui a touché, en Autriche, son partenaire du FPÖ. Vendredi soir, des médias allemands ont diffusé une vidéo tournée en caméra cachée dans laquelle le patron du parti, Heinz-Christian Strache, par ailleurs vice-chancelier, accepte le soutien financier d'une femme, qu'il croit être la nièce d'un oligarque russe, en échange de l'accès à des marchés publics autrichiens. Strache a dû démissionner aussitôt.

    Le visage de Salvini sur t-shirts et banderoles

    « Ce qui se déroule au sein du FPÖ relève de la politique interne autrichienne, il est sûr que je suis comme vous, je trouve étonnant que cette vidéo qui a deux ans d'ancienneté sorte aujourd'hui », est contrainte de réagir Marine Le Pen, samedi matin, lors d'une conférence de presse à Milan. Elle préfère concentrer ses attaques sur Emmanuel Macron. « Sa fonction encadrée par la Constitution française lui donne […] un devoir : celui de ne jamais devenir un chef de clan ou un chef de faction », griffe la présidente du RN.

    Elle ne semble pas émue en revanche que Matteo Salvini, lui, combine les fonctions de chef de la Lega et de ministre de l'Intérieur. Sur la place de la cathédrale, son visage souriant s'affiche partout : sur les t-shirts et les banderoles. Si quelques drapeaux français émergent ici ou là, c'est surtout ceux de la Lega qui claquent au vent, ainsi que ceux de la « Padanie », cette région fantasmée du nord de l'Italie dont la Lega a longtemps réclamé l'indépendance.

    Salvini est « le seul vrai leader européen »

    Aron, un mécanicien de 39 ans venu de Bergame, se sent par exemple « padanien et pas italien ». « Je n'aime pas les gens du sud de l'Italie, c'est une autre race », tranche celui qui se « moque des autres pays d'Europe ».

    À quelques mètres pourtant, deux jeunes ont fait treize heures de bus pour venir de la région méridionale du Basilicate. L'un d'eux, Francesco, 18 ans et une croix celtique autour du cou, est « fier de voter Salvini ». « C'est le seul vrai leader européen depuis cinquante ans », s'enflamme-t-il.

    La foule crie « Matteo, Matteo »

    Sur l'estrade, chaque leader européen a droit à cinq minutes de parole. Avec une petite musique d'entrée et cinq minutes supplémentaires, Marine Le Pen semble presque bénéficier d'un traitement de faveur avant que n'arrive sur scène celui que la foule attend. Matteo Salvini est acclamé sur un puissant air de Pavarotti.

    Bravache, il dénonce le « trafic d'êtres humains » en Méditerranée « payé par Soros », le milliardaire américain, tête de turc des populistes. Lui se félicite que sa ferme politique migratoire ait fait passer le nombre de morts de 15 000 « à moins de 1 000 ». Puis en bras de chemise, trempé, il prend un bain de foule, sous les cris de ses fans : « Matteo, Matteo ». La journée de samedi aura finalement été la démonstration de force d'un populiste.