Ma vie d’eurodéputé : «Il faut choisir ses combats !»

À quoi sert un eurodéputé ? Cette semaine, à travers une galerie de portraits, on vous propose le retour sur expérience de certains d’entre eux. Ce lundi, celui de Younous Omarjee, seul élu de La France insoumise.

 Paris, le 1er février 2018. Younous Omarjee, eurodéputé depuis 2012, s’attache à défendre les régions les moins développées de l’UE et la condition animale.
Paris, le 1er février 2018. Younous Omarjee, eurodéputé depuis 2012, s’attache à défendre les régions les moins développées de l’UE et la condition animale. Stéphane Burlot/Hans Lucas

    Chaque jour, ou presque, il saute dans le Thalys qui relie Paris à Bruxelles. Celui « de 7 h 01 ». « Dans celui du matin, on travaille. Dans celui du retour, on essaie de se reposer. » C'est devenu une routine pour Younous Omarjee, 49 ans, député européen de la France insoumise. Il s'est même fait un « ami de train » à force de trajets.

    L'élu traîne ses élégants costumes cintrés à Bruxelles et à Strasbourg depuis une quinzaine d'années déjà. Il y a débuté comme collaborateur du Réunionnais Paul Vergès, avant de siéger lui-même à partir de 2012. Il connaît désormais très bien les arcanes du Parlement, dont il estime « l'architecture à l'image des institutions européennes : très froides et très compliquées ».

    Inconnu du grand public, Younous Omarjee est une figure bien identifiée au Parlement, et désormais chez les Insoumis. En 2018, il s'est vu remettre le prix de meilleur député européen par un magazine spécialisé pour son travail et son engagement en faveur des régions les moins développées et des territoires ultrapériphériques.

    Lui-même a grandi à la Réunion et a été élu sur la circonscription des Outre-mer. Inconnu, mais pas inutile, il n'en démordra pas. « Les députés européens sont beaucoup plus utiles que ce qu'on dit en France », défend celui qui pendant cinq ans a siégé à côté de Jean-Luc Mélenchon, parti pour l'Assemblée nationale à l'été 2017.

    L'interdiction de la pêche électrique, sa victoire

    Le politique, à Bruxelles, peut laisser son empreinte, à la stricte condition d'être bosseur. « Vous pouvez être une star dans votre pays, un ancien ministre, mais ici, tout ça s'efface. La clé, c'est le travail, assure Younous Omarjee. Je suis en permanence au Parlement, tous les jours sur le front. » Trois collaborateurs à temps plein avec lui et un stagiaire. Et, dès qu'il le peut, « la pause déjeuner au buffet indien d'une brasserie belge, place du Luxembourg », dans la capitale belge.

    Surtout, « il faut savoir ce qu'on veut faire, choisir ses combats ». Très tôt, Younous Omarjee s'est fait remarquer pour avoir défendu le maintien du Fonds européen d'aide aux plus démunis, créé initialement à la demande de Coluche et soutenu par Jacques Delors.

    Plus récemment, il s'est ­concentré sur les sujets liés à la condition animale. Un programme visant à développer les « alternatives à l'expérimentation animale » serait dans les tuyaux européens, pour lequel l'Insoumis a bataillé. Et, la semaine dernière, le Parlement a définitivement voté l'interdiction de la pêche électrique dans l'Union européenne d'ici à mi-2021. Younous Omarjee a encore été l'un des fers de lance de ce combat écologique, avec d'autres élus de l'Hexagone et l'appui d'associations. « C'est un exemple de victoire française », à Bruxelles, loue-t-il.

    « Il faut rappeler qu'il y a des enjeux très concrets qui touchent les gens et qui se décident au niveau européen », martèle-t-il, citant l'interdiction du glyphosate et les enjeux de la sécurité alimentaire. Même s'il regrette, lui qui a grandi dans l'océan Indien, le « fonctionnement insulaire » de l'Union européenne. « Trop déconnecté de la réalité des pays ».

    SES DATES-CLÉS

    2012 : son premier mandat européen.

    2018 : il est élu meilleur député européen par le Parliament Magazine

    2019 : il obtient collectivement l'interdiction de la pêche électrique dans l'UE.