Maire tué à Signes : menacé de mort et molesté, un élu francilien se confie

Le maire (LR) de Combs-la-Ville Guy Geoffroy a plusieurs fois fait l’objet de violences et de menaces ces dernières années.

 Melun, en 2015. Guy Geoffroy avec son avocat lors du procès des trois hommes qui l’avaient agressé sur le marché de la ville, en 2015.
Melun, en 2015. Guy Geoffroy avec son avocat lors du procès des trois hommes qui l’avaient agressé sur le marché de la ville, en 2015. LP/Marine Legrand

    Pour être maire, faut-il se préparer au pire? Guy Geoffroy, maire (LR) de Combs-la-Ville depuis 1995, reconnaît que le métier peut être dangereux, comme l'a prouvé le décès lundi du maire de Signes (Var) dans l'exercice de ses fonctions.

    « Le maire est la personnalité publique la plus connue de ses concitoyens, remarque l'élu, par ailleurs président de l'Union des maires de Seine-et-Marne. Et certains veulent parfois en découdre. »

    L'élu en a fait les frais à plusieurs reprises. En 2018, Guy Geoffroy a été pris à partie par le directeur d'un cirque, avec lequel la mairie de Combs-la-Ville était en conflit.

    « Si je te croise en ville, je te fais la peau ! »

    Après que l'élu a fait retirer les affiches du cirque, sauvagement implanté sur le territoire de la commune, le directeur de l'installation est venu se plaindre directement dans le bureau du maire.

    « Il est venu m'insulter devant mes collaboratrices, qui étaient stupéfaites », se souvient Guy Geoffroy. Dans le flot d'insultes, le directeur du cirque glisse également une menace : « Si je te croise en ville, je te fais la peau ! »

    Ce dernier a été condamné en janvier 2019 à un mois de prison avec sursis pour ces faits. Il a aussi dû payer un euro symbolique à l'édile et à l'Union départementale des maires, qui s'étaient portés parties civiles.

    Un jour de marché, Guy Geoffroy échappe à un tabassage

    Cette altercation n'était pas la première occurrence de violence dans le mandat de Guy Geoffroy. En 2015, le maire constate qu'une voiture emprunte une voie interdite à la circulation un jour de marché. « Je me suis interposé pour demander à son conducteur de faire demi-tour », raconte-t-il.

    En réaction, trois hommes sortent du véhicule et le bousculent. Les insultes et les menaces fusent : « Sale conn… », « On va te crever », « Le maire, on va s'en occuper »…

    « Il a fallu que les commerçants interviennent pour éviter que je sois tabassé », se souvient le maire de Combs-la-Ville. Deux de ses agresseurs avaient été condamnés à de la prison avec sursis, le troisième à un mois ferme.

    « La violence est une réalité quotidienne »

    Guy Geoffroy note une évolution, ces dernières années, dans les rapports aux élus. « Quelques digues ont cédé depuis 25 ans, il n'y a pas le même respect associé à la fonction et à la personne », constate celui pour qui la violence est aujourd'hui « une réalité quotidienne ».

    Si les élus locaux et les « petits maires » sont particulièrement visés, les menaces concernent aussi d'autres mandats.

    En 2014, alors qu'il était député et président de la commission spéciale sur le projet de loi de pénalisation des clients de la prostitution, Guy Geoffroy a reçu des menaces de morts.

    « J'ai dû vivre avec une protection policière jour et nuit, pendant six mois », se remémore-t-il.

    Malgré tout, il briguera un nouveau mandat en 2020

    Selon lui, « c'est l'autorité publique qui est en cause ». En tant que président de l'Union des maires de Seine-et-Marne, Guy Geoffroy affirme recueillir des témoignages de collègues confrontés aux menaces et à la violence de leurs administrés.

    Au motif que la profession est dangereuse, faudrait-il renoncer ? Pour Guy Geoffroy, la réponse est non.

    « Concernant le drame qui a touché notre collègue de Signes, je manifeste ma tristesse, mais également une volonté inébranlable de faire tenir la République », souligne l'élu, qui briguera un cinquième mandat en mars prochain.