Oise : la salle le Tigre a besoin de 5 millions d’euros pour rugir encore

La salle de spectacles, installée à Margny-lès-Compiègne depuis 2014, est en perte de vitesse. Des travaux de sécurité sont obligatoires pour assurer son avenir.

 Margny-lès-Compiègne. L’un des grands rendez-vous de l’année au Tigre est l’Imaginarium Festival avec plus de 15 000 jeunes accueillis encore en 2019.
Margny-lès-Compiègne. L’un des grands rendez-vous de l’année au Tigre est l’Imaginarium Festival avec plus de 15 000 jeunes accueillis encore en 2019. LP/Julien Barbare

    « Plutôt qu'une Arena, nous allons résoudre les problèmes du Tigre. Quelques millions d'euros peuvent suffire », confie Philippe Marini, le président (LR) de l'Agglomération de la région de Compiègne (ARC). La collectivité a postulé, il y a quelques jours, à un nouvel appel d'offres lancé par la région destiné aux salles de spectacle. Les élus locaux espèrent redonner un second souffle à un équipement, installé depuis 2014 à Margny-lès-Compiègne, en perte de vitesse.

    Au passage, l'ARC fait son mea culpa. Si la région n'a pas répondu favorablement à la demande faite en août 2018 de création d'une Arena de 3 900 places assises sur les hauts de Margny-lès-Compiègne, « c'est parce que nous notre dossier ne répondait pas à tous les critères », concède Michel Foubert, conseiller régional et vice-président de l'agglomération.

    L'ARC avait estimé le chantier de l'Arena à 18 M€ et assurait pouvoir les faire subventionner à hauteur de 80 %, ne restant à sa charge que 3,6 M€. Face au refus enregistré, l'agglomération mise de nouveau sur le Tigre, qui a bien besoin d'un coup d'accélérateur.

    Le projet d'Arena abandonné

    « Le site est à un tournant de sa vie », reconnaît Bernard Hellal, le maire (SE) de Margny-lès-Compiègne. Alors que l'équipement a déjà coûté au moins 4 M€ à l'ARC, une somme avoisinant les 5 M€ serait aujourd'hui nécessaire pour une survie des lieux à moyen terme. « On a fini la phase de création, il faut maintenant rentabiliser et donc investir », admet un élu.

    Avec une fréquentation qui tourne autour des 80 000 visiteurs annuels, le lieu n'a pas encore trouvé d'équilibre financier. Il reçoit une subvention à hauteur de 150 000 € par an de l'ARC. « On ne pourra pas apporter cette subvention éternellement », prévient Marc Ressons, adjoint au maire de Margny. Ce coup de pouce permet aux comptes d'afficher un bénéfice de 5 000 € en 2018.

    Si les foires et salons dopent la fréquentation avec une dizaine d'événements, il faut encore travailler sur les conventions et la location d'espace. « Les salons comme « Fous d'Histoire » avec 10 000 entrées et la Foire expo et ses 15 000 visiteurs marchent très bien. Mais cette année a été difficile pour les conventions », reconnaît Isabelle Dufresne, la directrice du Tigre.

    Un chiffre d'affaires prévu à la baisse

    En 2018, le site a été exploité 152 jours. Un chiffre en légère hausse d'année en année. Malgré cela, « le chiffre d'affaires de 800 000 € réalisé en 2018 ne sera probablement pas atteint en 2019 », avance un observateur proche des comptes.

    « Nous voudrions que le site puisse aussi accueillir des événements sportifs. Ils drainent énormément de monde. Sauf que pour cela, il y a quelques aménagements à faire », ambitionne Marc-Antoine Brekiesz, élu de l'ARC. Car le Tigre doit résoudre des problèmes sur ses bâtiments qui empêchent son exploitation à 100 %.

    Dans le hall principal, une partie de la scène, appelée la cage, qui permet d'effectuer les accroches de matériels, inquiète. Une commission de sécurité l'a déclaré inutilisable d'avril 2018 à octobre 2019, après que des boulons se sont décrochés. L'ARC a dû débourser plus de 50 000 € pour louer une scène mobile durant ce temps-là.

    Une annexe à mettre aux normes

    « Dans ce bâtiment, nous avons aussi une passerelle qui nous empêche de recevoir certains spectacles d'envergures, ajoute le maire de Margny. Nous voudrions la retirer pour gagner 200 à 300 places. »

    Puis, il y a le bâtiment annexe, le B85, qui présente des dangers et ne peut être utilisé. Cette annexe a du potentiel mais n'est pas aux normes. Fuites du toit, pannes d'alimentation électrique… Elle nécessite la majeure partie des investissements à réaliser. « Sa mise en conformité avait été repoussée par le projet d'Arena », justifie-t-on au Tigre.

    Une fois aménagé, un B85 pleinement opérationnel offrirait la possibilité d'accueillir des manifestations de plus grande ampleur ou même d'avoir deux événements distincts sur une même date.