« Il a fait gagner le match à l’Afrique du Sud » : l’arbitre Ben O’Keeffe s’est-il trompé sur la dernière mêlée ?

Décidément, rien ne sera pardonné à Ben O’Keeffe, dont la réputation est marquée au fer rouge depuis le quart de finale de la Coupe du monde de rugby entre la France et l’Afrique du Sud. De nouveau désigné au sifflet des Springboks ce samedi soir, pour la demi-finale face à l’Angleterre, l’arbitre néo-zélandais, conspué par le Stade de France, a encore pris une décision prêtant à débat en accordant une pénalité dans les ultimes minutes aux Sud-Africains sur une mêlée.

Menés de deux points à ce moment du match, ils ne se sont pas fait prier pour prendre l’avantage sur le XV de la Rose grâce à une pénalité du buteur Handré Pollard, l’emporter (15-16) et décrocher leur billet pour la finale face à la Nouvelle-Zélande.

« Je dois dire, de manière indépendante et non pas en voulant faire le mauvais perdant, que c’est une pénalité discutable qui fait gagner le match, a contesté l’ancien troisième ligne anglais Lawrence Dallaglio, champion du monde 2003 et consultant sur la chaîne anglaise ITV. Ellis Genge met un genou à terre, mais Ben O’Keeffe va être un sujet de discussions ici, parce qu’il a fait gagner le match à l’Afrique du Sud. »

Koch pousse en travers, mais après le genou au sol de Genge

Pourquoi cette décision serait-elle contestable ? Comme le dit Dallaglio, O’Keeffe estime que le pilier gauche anglais Ellis Genge a posé un genou au sol, déséquilibrant la mêlée. En revoyant les images (capture ci-dessous), on peut effectivement voir que le joueur anglais touche le sol avec son genou brièvement, juste après l’engagement et juste avant l’introduction du ballon par le demi de mêlée des Springboks Faf de Klerk, vraisemblablement sous le poids de la mêlée sud-africaine.

Or, sur les réseaux sociaux, de nombreux supporters anglais ont noté, images à l’appui, que le pilier droit sud-africain Vincent Koch ne poussait pas droit. Le ralenti en question montre effectivement Koch de travers dans la mêlée, mais celui-ci ne montre l’action qu’après que le genou de Genge a touché le sol. Ben O’Keeffe a donc estimé que le premier aura été poussé à la faute par le second, qui a déstabilisé la mêlée en posant genou à terre.

Les joueurs de première ligne ne doivent pas se contorsionner, fléchir leur corps ou effectuer toute action risquant de provoquer l’effondrement de la mêlée, que ce soit avant ou après l’introduction du ballon, précisent les règles, sanctionnant cette infraction d’un coup de pied de pénalité.

Du côté de l’équipe d’Angleterre, on a préféré ne pas s’attarder sur ce fait de jeu au coup de sifflet final. « Ce n’est pas le moment de disséquer le match. Ils ont trouvé un moyen de prendre le dessus en mêlée et grâce à cela, ils ont occupé le terrain et marqué des points », a simplement répondu, en conférence de presse d’après-match, le sélectionneur anglais Steve Borthwick.

La légende anglaise Jonny Wilkinson a, de son côté, adressé un message à peine piquant aux Sud-Africains, félicitant surtout les Anglais pour leur performance : « Une énorme performance de la part de l’Angleterre, qui a parcouru tant de chemin en si peu de semaines et qui sort la tête haute. Bravo aux Springboks pour avoir trouvé le moyen de gagner, et chapeau à Handré Pollard pour la pénalité. »