Recharge des voitures électriques : quelle solution vous convient le mieux ?

Les voitures électriques sont presque toutes fournies avec un câble comportant un boîtier qui contrôle et sécurise la recharge sur prise ordinaire. La recharge est alors technologiquement limitée à 10 ampères, soit 2,3 kilowatts. Concrètement, comptez 7 à 8 heures pour récupérer 100 km d’autonomie et oubliez dès lors les très longs trajets récurrents. Mais il est tout à fait possible d’assurer de courts trajets journaliers en voiture électrique en la rechargeant via une prise classique. 

Vous nous direz, pourquoi cette limitation à 10 ampères alors que les fusibles de votre installation électrique affichent fièrement une puissance de 16 ampères (3,6 kW)? Tout simplement, parce que la prise n'est pas faite pour être utilisée des heures d ’affilée à pleine puissance sans risque d'usure.

Une prise normale plus robuste

Il y a moyen de contourner la limitation à 10 ampères. Le fabricant de matériel électrique Legrand a ainsi conçu une prise normale plus robuste  (dénommée Green'up Access) qui peut autoriser une charge de 14 à 16 ampères (3,2 à 3,6 kW). A condition d'avoir un circuit dédié, autrement dit un câble électrique qui va de la prise au tableau divisionnaire avec un disjoncteur dans ce tableau. Il faut aussi que le contrôleur du câble du véhicule électrique reconnaisse cette prise. Certaines voitures du Groupe PSA et de Renault ont la possibilité de se recharger sur ce type de prise jusqu'à 16A grâce à leur câble/contrôleur, mais ce n’est pas toujours le cas.
Si vous avez l'intention d'utiliser le potentiel d'une telle prise, exigez un document écrit du garage qui spécifie que vous pourrez bien charger à plus de 10 A avec le matériel fourni. 

L'avantage de cette solution, c’est son coût modéré: de 150 à 200 € pour la prise, soit 5 à 10 fois moins qu'une borne, et des frais d'installation a priori réduits. Bien sûr, le gain de temps n'est pas décoiffant - il faut toujours +/- 5 heures pour  100 km de recharge - mais la solution pourrait convenir pour un véhicule électrique sans un grand besoin quotidien d'autonomie ou pour un véhicule hybride rechargeable; Le matériel étant prévu pour des charges longues, installer une telle prise même si vous ne l'utiliser qu'à 10 A reste une bonne idée.

Une borne de recharge est plus qu'une simple boîte avec une prise pour câble de recharge de voiture électrique. C'est avant tout un circuit électrique dédié avec un câblage de section suffisante, un système de différentiel réagissant à des fuites de courant spécifiques et un disjoncteur. Notez que le Règlement Général des Installations Electriques (RGIE) exige un circuit exclusivement dédié. 

Une borne de recharge est ensuite capable de communiquer avec le véhicule électrique pour optimiser la charge et augmenter la sécurité. Selon le modèle, elle est également susceptible de traiter des informations en provenance du réseau.

Fonctions additionnelles

Les bornes dites "intelligentes" sont ainsi capables d’adapter période et puissance de charge pour vous faire bénéficier du tarif le plus avantageux, éviter de surcharger le réseau domestique, voire le réseau global.
Elles peuvent encore envoyer des informations (via internet, par 4 u 5G) pour une facturation dans le cadre d'une voiture de société, par exemple. Elles sont éventuellement en mesure aussi d’autoriser l'accès via badge ou autre. 
Notez que des sociétés proposent de gérer les données liées à ces fonctionnalités en même temps que l’accès à des bornes publiques sur abonnement.

Quelle prise sur la borne?

Les fabricants ont développé différentes prises permettant de connecter le véhicule à la borne. Mais en pratique, c'est la prise dite de "type 2" qui devient la norme en Europe pour la recharge sur borne domestique.

Cela dépendra de vos besoins et, à ne pas négliger, des surcoûts que la puissance supplémentaire peut occasionner. 

Les bornes domestiques sont principalement disponibles dans les puissances suivantes : 

• 3,7 kW (16 A en monophasé)
• 7,4 kW (32 A en monophasé)
• 11 kW (16 A en triphasé)
• 22 kW (32 A en triphasé)

La borne fait partie des appareils domestiques les plus puissants que l'on puisse installer dans une maison: 3,7 kW est la puissance d'un four à plein puissance, avec grill et 7,4 kW, c'est la puissance d'une cuisinière électrique dont tous les foyers fonctionnent en même temps. 11 kW et 22 kW sont des puissances d'installations de chauffage électrique pour tout un logement.

Notez que la puissance minimale de la borne a aussi son importance. Celle-ci détermine la capacité électrique encore utilisable par les autres appareils de la maison pendant le chargement de la voiture. En Flandre, cette puissance minimale sera aussi celle qui impactera le moins le tarif à la capacité. 
L’avènement du tarif capacitaire, d'application en Flandre et pouvant venir dans les autres régions, diminue l'appétit pour les grandes puissances.

Autonomie et scénario de recharge

Le scénario le plus fréquemment imaginé consiste à recharger ses batteries vides la nuit de 22 heures à 7 heures, afin de profiter du tarif heures creuses et de pouvoir repartir en voiture le matin, même s’il faut remarquer qu’en Flandre le gain apporté par le tarif bihoraire devient de plus en plus ténu. En 9 heures, une borne de 3,5 kW fournira un peu plus de 170 km d’autonomie. Une borne de 7,4 kW en fournira plus de 300. 
Si vous voulez une recharge plus rapide, vous pourriez vous tourner vers une borne de 11 kW, voire de 22 kW. Mais cela nécessitera souvent des travaux car il faut disposer d’une installation triphasée et vous devrez faire renforcer votre compteur.  

Une borne de 7,4 kW sera-elle suffisante pour vous ? Quid de la nécessité d’une charge urgente et/ou de la nécessité de parcourir davantage de kilomètres ? Le caractère occasionnel de tels scénarios justifie-t-il  d’installer chez vous une borne de puissance supérieure ou pourriez-vous envisager de charger exceptionnellement  la voiture sur une borne rapide extérieure ? A vous de juger mais lisez d'abord bien la page sur le tarif capacitaire.

Caractéristiques du véhicule

Il est important de signaler que tous les véhicules électriques ne vont pas se charger à 11 kW et encore moins à 22 kW sur des bornes domestiques ayant cette puissance maximale : la charge est parfois limitée à 7,2 kW ou peut même retomber à 3,7 kW sur une borne triphasée de 11 kW parce que la charge ne peut se faire que sur une phase avec le véhicule connecté. Et la majorité des véhicules actuels n’acceptent pas la recharge sur borne domestique de 22 kW, limitant la recharge à 11 kW. 

Si vous faites placer une borne pour un véhicule spécifique, renseignez-vous bien avant d'installer inutilement une borne dont la puissance ne sera pas exploitée par le véhicule.

Certains modèles de Renault et Smart ne permettent pas la recharge sur une prise (ordinaire ou borne) sans neutre. Avant d'acheter un véhicule, vérifiez toujours s'il peut se recharger sur tout le réseau belge.

La facture va essentiellement dépendre de l'usage de votre véhicule et de ce que vous êtes prêt à payer pour vous assurer un éventuel supplément de puissance.

Les bornes seules coûtent entre 500 et 2750 €. Notez qu’on trouve des bornes plus puissantes moins chères et inversement en raison de fonctions additionnelles à disposition ou non. En effet, les fonctions de charge "intelligente" influencent significativement le prix. 

Une enquête récente montre des frais d’installation très variables, commençant à 200 € et atteignant 1400 €, selon les situations.

Quelle que soit la puissance de la borne, il faudra la faire contrôler par un organisme agréé. Ce contrôle coûte entre 100 et 150 €.

Mais ce ne sont pas nécessairement les seuls frais à comptabiliser lors de l’installation d’une borne.

Adaptation de l’installation électrique et renforcement de compteur

Si vous disposez d'une installation monophasée et que vous voulez installer une borne de 11 ou 22 kW, vous devrez passer au triphasé. Ceci implique une adaptation des circuits existants au niveau du coffret divisionnaire, avec changement (éventuel) du câble entre le compteur et le coffret divisionnaire, nouveaux supports, nouveau(x) différentiel(s), etc. 
Il faudra très vraisemblablement aussi augmenter la puissance de raccordement. Ces frais sont très variables selon les situations et les gestionnaires de réseau. Demandez toujours des devis.

Surcoût supplémentaire à Bruxelles et dans certaines autres zones urbaines

 En Belgique, il existe une partie du réseau en 3 x 230 V "sans neutre". C'est particulièrement le cas à Bruxelles et dans sa périphérie. Cela ne trouble guère la vie des consommateurs sauf quand ils veulent installer du matériel en triphasé 3 x 400 V, comme une borne de recharge puissante (11 ou 22 kW). 
Si vous êtes dans le cas, il vous faudra installer un autotransformateur dans une pièce correctement ventilée, et ainsi ajouter plusieurs centaines d'euros à la facture globale.  

Heureusement, il reste possible d'installer une borne de 7,4 kW en monophasé sans autotransformateur à condition que le véhicule permette la recharge sur une prise (ordinaire ou borne) sans neutre. 

Depuis la libéralisation des prix de l'électricité, la puissance disponible ou réellement utilisée ne fait pas l'objet d'une tarification pour les particuliers. Mais à partir de janvier 2023, la Flandre a introduit le tarif à la capacité, qui facture la puissance maximale réellement utilisée. Le prix annuel en 2024 est de 38 à 57 € par kW.

Les pics de puissance gagnent en importance 

Ce tarif capacitaire ("captar") prend en compte les pics de puissance réellement utilisée (mesure par ¼ d'heure) chaque mois, en calculant la moyenne sur les 12 derniers mois. Le pic de puissance mensuelle est la valeur la plus élevée de toutes les puissances moyennes par quart d’heure mesurées pendant ce mois. Cette valeur n’est enregistrée que si vous disposez d’un compteur digital.

Ce tarif capacitaire peut-être douloureux pour les propriétaires d'une borne de recharge à puissance maximale. La borne fonctionnant des heures à puissance élevée et pendant toute l'année, ni le "lissage" apporté par une mesure par ¼ d'heure, ni une moyenne sur 12 mois ne vient, en effet, adoucir la note. On arrive ainsi à un surcoût  annuel de 110 à 420 € pour une charge de 7,4 kW, de 250 à 620 € pour celle de 11 kW et de 660 à 1250 € si votre véhicule permet une charge de 22 kW. En voulant  recharger votre voiture rapidement (à pleine puissance), vous paierez donc beaucoup plus cher avec le captar.

D'un autre côté, le prix variable de l'électricité a diminué et donc également le "plein" pour la voiture. Pour une voiture roulant 15.000 km par an, cette baisse peut compenser le coût de tarification capacitaire  pour la borne de 7,4, mais pas pour celle de 11 kW et de 22 kW. Si installer une borne de 11 ou 22 kW semble tentant, pesez donc bien à l'avantage réel que cette puissance va vous apporter et exigez une borne qui pourra, si nécessaire, être bridée à 7,4 kW.

(Prix février 2024)

Le coût en "carburant" avec une voiture électrique peut être moins cher que celui d'une voiture thermique (+/-11 € par 100 km si l'on prend une voiture équivalente, prix des carburants en février 2024). Toutefois, ce n'est pas en soi l'énergie qui est moins cher. Le carburant liquide est ainsi à +/- 18 cents le kWh alors que l'électricité coûte au moins le double. En réalité, c'est le rendement de la motorisation électrique qui permet de gagner sur la facture. Et surtout, il vous faut trouver le bon fournisseur, éviter les puissances élevées (en Flandre) et éventuellement profiter du bihoraire. 

Sans tarif capacitaire

A Bruxelles, en Wallonie et en Flandre sans compteur digital, il vous coûte en février 2024 +/- 4,5 à 8 € par 100 km de trajet en moyenne, pour une voiture faisant du 16,5 kWh/100 km et en tenant compte de quelques pertes à la charge. En faisant une charge au tarif de hors pointe, la nuit ou le week-end et en choisissant le fournisseur le plus avantageux, vous pouvez gagner +/- 1,5 € par 100 km.

En Flandre, avec tarif capacitaire

Avec un compteur, le prix variable de l'électricité est un peu plus bas en Flandre mais, en contrepartie, la pointe de puissance devient payante. 

Pour le même véhicule faisant 15.000 km par an, le prix par 100 km dépendra de la puissance de la charge. Si la charge se fait toujours en dessous de 7,4 kW, le prix reste autour des 4 à 8 € par 100 km. Il baissera même de +/- 1 € si vous vous contentez de 3,7 kW. L'utilisation d'une puissance réelle de 11 kW augmentera le prix de +/-1 €. Enfin si vous utilisez 22 kW pour charger votre voiture, cela vous coûtera dans les 10 € par 100 km, voire plus : vous vous situez au niveau ou même au-dessus du prix du véhicule thermique.

Découvrez ici comment vous pouvez essayer de payer le prix le plus bas.