Européennes : d’anciens ministres de Mitterrand dénoncent les propos de Glucksmann sur le Rwanda

La tête de liste PS-Place Publique a mis en cause plusieurs fois François Mitterrand dans le génocide au Rwanda. 23 ex-ministres s’en émeuvent.

 Raphaël Glucksmann a dénoncé la politique africaine de François Mitterrand.
Raphaël Glucksmann a dénoncé la politique africaine de François Mitterrand. LP/Jean-Baptiste Quentin

    En prenant la tête de la liste PS-Place Publique aux européennes, Raphaël Glucksmann s'était déjà mis à dos certains socialistes. Cette fois, ce sont ses propos s ur le Rwanda et François Mitterrand qui lui attirent les foudres d'anciens ministres PS.

    23 « ex », dont Hubert Védrine, Bernard Cazeneuve, Jack Lang, Michel Charasse, Elisabeth Guigou, Edith Cresson ou encore Roland Dumas, ont pris la plume pour s'adresser au premier secrétaire du PS Olivier Faure. Dans cette lettre consultée par l'AFP, ils s'émeuvent de deux déclarations de Raphaël Glucksmann. La première aurait été prononcée en janvier : « François Mitterrand a porté de la manière la plus radicale et la plus abjecte la politique de la France au Rwanda ». La seconde, le 6 avril, aurait été dite en marge de son meeting à Toulouse : l'ancien président aurait été, selon le fondateur de Place Publique, « complice du génocide au Rwanda » perpétré par les Hutus et qui a fait environ 800 000 morts parmi les Tutsis entre avril et juillet 1994.

    « Comment peut-on porter un tel jugement, alors que la France a été […] le seul pays, dès le feu vert donné par l'ONU, à mener une opération humanitaire en 1994, pendant le génocide, pour sauver des vies, pendant que le monde entier restait indifférent ? », écrivent les ex-ministres.

    Ils demandent à Faure de « désavouer ses propos »

    La politique française au Rwanda « peut être critiquée », poursuivent-ils mais « rien, absolument rien, ne peut justifier les accusations de complicité de génocide relayées par M. Glucksmann, alors qu'il s'exprime aujourd'hui au nom des socialistes ». Ses signataires demandent à Olivier Faure « de convaincre Raphaël Glucksmann de retirer ses insultes et accusations infondées envers François Mitterrand », et « en cas de refus » qu'il « trouve les formes appropriées pour désavouer ses propos ». « Que celui qui porte la liste du PS pour les élections puisse dire ça sur Mitterrand, c'est ahurissant », s'est insurgé l'un des signataires.

    Interrogé sur ces propos lors d'une émission de Radio J, le 5 mai, le candidat ne les avait pas démentis, déclarant : « La France a armé, soutenu financièrement et politiquement les génocidaires » alors que « François Mitterrand était président de la République ». « Je m'inscris dans les pas de François Mitterrand sur la construction européenne, la peine de mort, les mesures sociales de 1981, pas dans la politique africaine de la France », avait-il ajouté.

    Guigou rejoint Macron

    Bernard Cazeneuve, qui fait partie des signataires, doit normalement participer jeudi soir à un meeting de Glucksmann à Lyon.

    Une autre signataire, Elisabeth Guigou, a elle annoncé à l'occasion des européennes qu'elle soutenait Emmanuel Macron. Dans une tribune dans l'Opinion, elle salut son « engagement européen ».