Jordan Bardella sèche le premier débat télé des européennes, Thierry Mariani va le remplacer

Le président du RN sera remplacé jeudi 14 mars par l’eurodéputé Thierry Mariani pour un échange avec l’ensemble des autres têtes de listes sur Public Sénat. Un remplaçant qui fait les affaires de la majorité, déterminée à pointer les accointances entre cet ancien ministre de Sarkozy et la Russie.

Pour le RN Jordan Bardella, ici le 3 mars lors du lancement de sa campagne des européennes à Marseille, Public Sénat n'offrait apparemment pas assez de visibilité. AFP/Christophe Simon
Pour le RN Jordan Bardella, ici le 3 mars lors du lancement de sa campagne des européennes à Marseille, Public Sénat n'offrait apparemment pas assez de visibilité. AFP/Christophe Simon

    Jordan Bardella adore dire qu’il aime les confrontations télévisuelles. Il sera pourtant le seul à sécher le premier débat des européennes, organisé par le groupe de presse quotidienne régionale EBRA et qui se tiendra jeudi 14 mars sur Public Sénat, de 17 heures à 19h30, en direct du Parlement européen à Strasbourg. Peu importe que sept autres têtes de listes y participent – Léon Deffontaines pour le PCF, Manon Aubry pour LFI, Marie Toussaint pour Les Écologistes, Raphaël Glucksmann pour le PS, Valérie Hayer pour Renaissance, François-Xavier Bellamy pour LR et Marion Maréchal pour Reconquête –, le président du Rassemblement national a décliné l’invitation. La raison est simple : pas assez de visibilité sur Public Sénat pour le champion des sondages.

    « Et pourquoi pas Coquelicot TV ? », avait-il grincé en marge d’une conférence de presse la semaine dernière. Une scène rapportée par La Tribune Dimanche. Un mépris que n’assume pas son équipe. « Ils nous ont dit (à tort) que ses propos avaient été déformés et qu’il avait dit : Si j’accepte Public Sénat, il faudra que j’accepte Coquelicot TV », raconte un des organisateurs du débat. « Le RN nous a assuré que Jordan Bardella trouvait que c’était trop tôt dans la campagne pour faire des débats », ajoute-t-on.

    « Ils nous envoient le stagiaire du Kremlin »

    Selon nos informations, le RN a proposé de remplacer Jordan Bardella par l’eurodéputé Thierry Mariani ou par le chef de la délégation RN au Parlement européen Jean-Paul Garraud. Les organisateurs du débat – Public Sénat mais aussi le groupe de presse Ebra – ont hésité : ne fallait-il pas dire au RN que c’était Bardella ou personne ?

    « Finalement, pour l’animation d’un débat démocratique, on s’est dit que c’était compliqué de ne pas inviter le RN », glisse l’un des organisateurs. Lesquels ont acté définitivement ce jeudi 7 mars, lors d’une réunion en visio avec les représentants des candidats, que ce serait bien Thierry Mariani qui débattrait pour le RN. « Mais notre invitation de Jordan Bardella court toujours ! », fait-on savoir côté médias.

    Du côté de Renaissance, on se frotte les mains à l’idée de se retrouver en face de l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy Thierry Mariani : « Ils (au RN) font des fautes grossières. Cela démontre aussi à quel point Bardella est prétentieux et arrogant. » Au sujet de Thierry Mariani, ardent défenseur de Moscou, « ils nous envoient le stagiaire du Kremlin, le porte-parole de Vladimir Poutine », se réjouit-on d’avance. D’autant plus que l’un des quatre thèmes abordés jeudi prochain sera la guerre en Ukraine.

    Tout le monde ne se réjouit pas ainsi. A gauche, certains hésitent sur la marche à suivre après le refus de Bardella. « On menace Public Sénat de ne pas y aller pour faire la chaise vide », explique un Insoumis. « On a été mis devant le fait accompli », enrage un socialiste.