Macron et Le Pen poursuivent leur tête-à-tête

Les listes RN et LREM ont largement devancé les autres dimanche soir. La surprise est venue de l’effondrement de la liste LR, tandis que les écolos réalisent un score bien plus élevé que prévu.

    « Match nul! » triomphe un macroniste dans un grand soupir d'aise, alors que le Rassemblement national devance d'une courte tête la liste Renaissance. Moralité : le référendum anti-Macron n'a pas eu lieu et ceux qui pariaient sur un retour du vieux clivage gauche-droite à l'occasion de ce premier test électoral depuis la présidentielle, en sont pour leurs frais.

    Ce dimanche soir, au terme d'une campagne européenne fort peu trépidante, le big bang de mai 2017 s'est confirmé : Marine Le Pen et Emmanuel Macron trustent, et de loin, le paysage politique national avec près de 10 points d'avance sur leurs rivaux. Alors que la macronie avait fait son deuil d'une victoire à plates coutures et redoutait d'être nettement distancée par la liste conduite par la révélation Jordan Bardella, elle se retrouve à touche-touche. « Moi, ça me va ! » claironne un conseiller de l'Élysée. « Même pas mal », sourit un autre.

    En coulisses, les marcheurs, pourtant sur la deuxième marche du podium, sablent le champagne comme un soir de triomphe. « C'est une victoire de Macron », s'enflamme un proche. Exit les hypothèses de grand remaniement du gouvernement, Édouard Philippe est conforté à son poste, « au moins jusqu'aux municipales » de 2020, selon le même. Mieux, les macronistes considèrent que les Français, par leur vote, leur ont ainsi donné mandat pour poursuivre et même accélérer les réformes, à commencer par celles de l'assurance chômage et des retraites. Des marcheurs imaginent déjà Macron réélu dans un fauteuil en 2022 : « Le meilleur rempart au RN, c'est lui! ».

    Une participation à un niveau inédit

    Le président, de fait, remporte son pari : prenant le risque de s'exposer comme rarement un chef de l'État l'a fait sur une campagne européenne, il est monté en première ligne au fur et à mesure que sa piètre candidate Nathalie Loiseau – « catastrophique », crucifie un stratège LREM – plongeait dans les sondages. Ce faisant, il a polarisé l'enjeu autour d'un duel entre les « populistes » et les « forces de progrès ». Et tout se passe comme si cette dramatisation, voulue par le président et sa meilleure ennemie Marine Le Pen, avait fait bondir la participation à un niveau inédit depuis 1994 : plus de 50 %, 7 à 10 points de plus qu'aux européennes de 2014.

    Autre motif de satisfaction pour le chef de l'État et les siens, les deux partis qui ont trusté pendant des décennies la vie politique, le PS et LR, ne font que 15 % à tous les deux, tandis que La République en marche, née il y a trois petites années, s'approche de son score de 2017. Si le PS emmené par Raphaël Glucksmann sauve les meubles, l'immense surprise vient de la droite : un crash industriel!

    « Wauquiez va être obligé de partir »

    Avec 8 %, LR fait le plus mauvais score de son histoire, pire que les 12,82 % de 1999 qui avaient contraint la tête de liste Nicolas Sarkozy à la démission. « Wauquiez va être obligé de partir », parie un ténor de la droite, qui frémit à l'idée que la guerre Copé-Fillon de 2012 n'était que de la petite bière… « L'électorat de droite est chez nous! » se prévaut un conseiller macroniste. De quoi conforter l'ex-LR Édouard Philippe, qui peut se targuer, comme il dit, de « faire travailler la poutre » à droite.

    Ultime enseignement et phénomène culturel, les écologistes emmenés par Yannick Jadot se retrouvent propulsés troisième force politique du pays. Comme si, à gauche, le vote utile était désormais le bulletin écolo. Avec les « Grünen » allemands qui doublent leur score, une vague verte s'abat sur l'Europe après la mobilisation de centaines de milliers de jeunes derrière l'égérie suédoise Greta Thunberg. Et encore ces jeunes ne pouvaient-ils pas voter cette fois-ci. Voilà Macron prévenu.

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