Européennes : Nathalie Loiseau et le «Blitzkrieg», une polémique justifiée ?

La tête de liste LREM était en visite dans la ville normande lundi. Sa volonté de mener « un Blitzkrieg positif » a été critiquée par les oppositions.

 Nathalie Loiseau a tenu un meeting à Caen, le lundi 6 mai 2019.
Nathalie Loiseau a tenu un meeting à Caen, le lundi 6 mai 2019. AFP/Damien MEYER

    Un mot courant en politique, mais qui fait beaucoup réagir dans le contexte. Après que Nathalie Loiseau, en visite lundi au mémorial de Caen, a indiqué vouloir mener « un Blitzkrieg positif », plusieurs de ses adversaires l'ont attaquée sur les réseaux sociaux. Elle « compare la campagne LREM des européennes au Blitzkrieg nazi », s'est par exemple insurgée la tête de liste de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan.

    Tout est parti d'un article de l'Obs, paru sur le site de l'hebdomadaire mardi en début d'après-midi. Le journaliste cite la tête de liste LREM aux élections européennes, qui lui confie vouloir mener « un Blitzkrieg positif, car nous sommes là pour proposer et non pour bombarder! ».

    « On était sur le parvis, à l'extérieur du Mémorial, et ce n'était pas une phrase lancée en off », raconte au Parisien le journaliste en question, Alexandre Le Drollec. C'est lui-même qui a employé le terme de « Blitzkrieg » en premier, demandant à la candidate si cela faisait partie de sa stratégie. « J'ai eu l'idée de lui poser cette question quelques instants avant, lorsqu'une guide du mémorial lui expliquait devant une carte ce qu'avait été le Blitzkrieg en 1940 », indique-t-il.

    Un terme courant en politique

    Les conseillers de Nathalie Loiseau et d'autres ministres étaient présents dans la délégation, mais pas aux côtés de la candidate et du journaliste au moment de leurs échanges. « Les européennes sont traditionnellement une campagne courte. Il faut savoir décoller dans la dernière ligne droite », a aussi justifié à l'Obs Sébastien Lecornu, le ministre chargé des Collectivités territoriales.

    Alexandre Le Drollec dit avoir été étonné que son article ait suscité tant de réactions, car ce terme de « blitzkrieg » est « régulièrement utilisé par plusieurs politiques ». Cette métaphore militaire est en effet souvent employée par ceux qui veulent frapper fort lors d'une campagne courte. En off, les membres de la campagne de Nathalie Loiseau avaient déjà utilisé ce mot quelques jours avant elle.

    Mais même en on, des élus l'ont déjà évoqué lors d'autres élections. « Ce qui va compter ce sera la campagne Blitzkrieg », glissait par exemple en décembre 2016 Luc Carvounas, proche de Manuel Valls, lors de la primaire à gauche. « Sarkozy était persuadé qu'il réussirait une forme de Blitzkrieg », avait aussi déclaré dans une interview Édouard Philippe en 2014, alors qu'il était un soutien d'Alain Juppé.

    Mais même s'il a ses adeptes, ce terme est rejeté par d'autres. Arnaud Montebourg, qui confiait en janvier 2017 que ce mot « n'est pas dans [son] vocabulaire », ou Daniel Cohn-Bendit, qui avait indiqué sur France 2 en 2017 que c'était « quelque chose d'horrible, qui avait anéanti des populations ». « On n'a pas le droit d'employer n'importe quel vocabulaire », avait ajouté l'ancien eurodéputé et soutien d'Emmanuel Macron. « Sur ce coup-là, Nathalie Loiseau aurait peut-être dû écouter Cohn-Bendit », en a profité le communiste Ian Brossat pour tacler Nathalie Loiseau.

    Si Nathalie Loiseau fait polémique, alors que d'autres n'ont pas eu droit à ce traitement, c'est peut-être parce qu'elle s'est exprimée au Mémorial de Caen, un musée historique mais qui sert aussi de lieu de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une « maladresse » même si ça ressemble surtout à une « fausse polémique », estime-t-on à la rédaction de l'Obs.

    « C'est une polémique ridicule. Un journaliste a fait cette comparaison en lui posant une question, pas Nathalie Loiseau qui lui a simplement répondu », sa défend-on dans l'entourage de l'ancienne ministre.

    Reste que cette phrase arrive quelques jours après que la candidate a été accusée de banaliser l'homophobie dans une BD, et que son engagement étudiant dans une liste d'extrême-droite à Sciences Po a été révélé - une « vraie connerie », avait-elle regretté.

    « S'identifier aux armées #nazies marchant sur la France ? L'imaginaire d'extrême-droite colle à la candidate d'En Marche ! », a d'ailleurs asséné sur Twitter le député La France Insoumise Bastien Lachaud.